L'aggravation du fossé entre les plus riches et les plus pauvres est le principal risque qu'encourt le monde au cours des années à venir, met en garde jeudi le Forum économique mondial (WEF), qui organise chaque année le célèbre Forum de Davos.
"Le fossé persistant entre les revenus des citoyens les plus riches et ceux des plus pauvres est considéré comme le risque susceptible de provoquer les dégâts les plus graves dans le monde au cours de la prochaine décennie", indique le Forum dans son rapport annuel sur les risques mondiaux présenté à Londres.
"Regardez ce qu'il s'est passé avec le printemps arabe, regardez ce qu'il s'est passé au Brésil, regardez en Afrique du sud, les gens ne peuvent tout simplement plus le supporter", a souligné Jennifer Blanke, chef économiste du Forum, lors d'une conférence de presse.
Selon l'enquête du WEF, à laquelle ont participé plus de 700 experts mondiaux, les événements météorologiques extrêmes, le chômage, le changement climatique et les cyberattaques viennent ensuite dans la hiérarchie des risques les plus à même "de provoquer un choc systémique à l’échelle mondiale".
Le rapport du Forum économique - publié une semaine avant la 44e édition du Forum de Davos qui se tiendra du 22 au 25 janvier - cite également les crises budgétaires ou une éventuelle crise de l'eau parmi les risques les plus préoccupants aujourd'hui ainsi que le risque croissant de "cybergeddon" (défaillance massive des systèmes informatiques qui aurait des conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale).
La "dépendance croissante" à l'égard d'internet et "l'expansion massive des équipements qui y sont reliés rendent le risque de défaillance systémique plus important que jamais en 2014", avertit le Forum.
D'autant plus que suite aux "récentes révélations concernant la surveillance des gouvernements" par l'ancien consultant informatique Edward Snowden, "la communauté internationale se montre moins désireuse de travailler conjointement à l’établissement de modèles de gouvernance pour remédier à cette faiblesse", regrette le WEF.
Un manque de coopération qui "pourrait aboutir à une balkanisation de l’Internet, également appelée +cybergeddon+, où les pirates jouiraient d’une supériorité écrasante et où les perturbations massives seraient monnaie courante", craint le Forum. Cette "fragmentation (de l'internet) n'est pas bonne pour la croissance de la planète", a insisté Axel Lehmann, directeur du risque chez Zurich Insurance Group, devant la presse.
"Nos vies changent à un rythme sans précédent. Les transformations à l'oeuvre dans l'économie, l'environnement, la géopolitique, la société et la technologie offrent des opportunités sans pareil mais les interconnections entre elles entraînent également une augmentation des risques systémiques", estime de son côté Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial.
"Les entreprises, les gouvernements, la société civile font face à la nécessité de faire évoluer impérativement la compréhension et la gestion de l'émergence de risques globaux qui, par définition, ne respectent pas les frontières nationales", souligne-t-il, cité dans le rapport.