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Le combat des interprètes afghans pour le visa américain

Le capitaine américain Matt Zeller (G) et l'interprète afghan Mohammad Janis Shinwari le 21 novembre 2013 à Arlington, en Virginie [Guillaume Meyer / AFP] Le capitaine américain Matt Zeller (G) et l'interprète afghan Mohammad Janis Shinwari le 21 novembre 2013 à Arlington, en Virginie [Guillaume Meyer / AFP]

Il aura attendu cinq ans pour laisser derrière lui les menaces des talibans: maintenant qu'il est aux Etats-Unis, Mohammad Janis Shinwari s'inquiète pour ses collègues interprètes pour l'armée américaine restés en Afghanistan et qui tentent désespérément de décrocher un visa.

"Je m'inquiète beaucoup pour mes amis, ils sont sans protection", confie cet homme de 36 ans à l'AFP. Il souhaite que "le gouvernement américain se penche sur le problème et fasse venir les autres interprètes d'Afghanistan" parce que "s'ils sont pris par les talibans, ils seront tués".

Installé dans la banlieue de Washington avec sa femme et ses deux enfants, il n'a dû son salut qu'à l'opiniâtreté d'un soldat américain, Matt Zeller.

"J'étais en mauvaise posture et je me disais, ça y est, je vais mourir sur cette colline. Il m'a sauvé la vie", raconte Zeller. Shinwari est venu à son secours, abattant deux talibans. Les deux hommes sont depuis devenus amis.

A la fin de son "tour" en Afghanistan en décembre 2008, l'Américain promet à son "frère" afghan de le faire venir aux Etats-Unis. "Mais je ne pensais pas que cela prendrait cinq ans", admet Zeller.

Le capitaine américain Matt Zeller (G) et l'interprète afghan Mohammad Janis Shinwari le 21 novembre 2013 à Arlington, en Virginie [Guillaume Meyer / AFP]
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Le capitaine américain Matt Zeller (G) et l'interprète afghan Mohammad Janis Shinwari le 21 novembre 2013 à Arlington, en Virginie
 

La demande de visa de Shinwari bloquée, son ami américain a ameuté les médias, des membres du Congrès et mis en ligne une pétition qui a rassemblé des dizaines de milliers de signatures.

"Je ne pouvais me résoudre à le laisser se faire décapiter devant sa famille ou torturé. Je n'aurais pas pu vivre avec ça", explique Zeller, maintenant capitaine dans la réserve.

Plusieurs appels de parlementaires pour faire pression sur l'administration et deux passages au détecteur de mensonges plus tard, Shinwari a pu obtenir le précieux sésame.

1.600 visas pour des Afghans en 2013

Tout le monde n'a pas eu cette chance.

A Kaboul, Eshan, un collègue de Shinwari, raconte à l'AFP qu'il vit séparé de sa famille pour ne pas la mettre en danger. Avec le retrait graduel des troupes américaines, qui conduisent moins de patrouilles qu'auparavant, les besoins en interprètes se raréfient.

Aujourd'hui, Eshan dit n'avoir "aucun revenu, aucun travail". "Si on ne me donne pas de travail, pourquoi me refuse-t-on le visa ?", se demande-t-il. Il a pourtant déjà été menacé quand des hommes sont venus demander à son père où il se trouvait avant de lui dire qu'ils lui couperaient la tête s'ils le retrouvaient.

Le département d'Etat américain assure qu'il facilite les visas spéciaux d'immigrants pour les Afghans et que le rythme de délivrance s'est accéléré au cours de l'année écoulée.

 
 

En 2013, près de 1.600 Afghans, principalement des interprètes et leurs familles, ont obtenu un visa, "dix fois plus" que l'année précédente, selon un responsable américain.

Au total, 3.720 Afghans qui ont travaillé pour le gouvernent américain et leurs familles ont obtenu un visa dans le cadre d'un programme validé en 2009 par le Congrès.

Toutefois, selon Matt Zeller, des milliers d'autres sont éligibles mais restent dans l'attente. Or fin 2014, ne devraient rester que quelques milliers d'Américains et soldats alliés en Afghanistan après la fin de la mission de combat de l'Otan.

Mohammad Janis Shinwari dit lui être conscient de sa chance. Loin de son pays, il se prépare à une nouvelle vie en Amérique, cherche un emploi, a inscrit sa femme à des cours d'anglais et ses enfants à l'école.

"Le plus important pour ma famille et moi est que nous pouvons maintenant dormir la nuit, bien manger et sortir sans avoir peur", savoure-t-il.

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