Les présidents arménien et azerbaïdjanais se sont mis d'accord mardi "pour faire avancer les négociations afin de trouver une solution pacifique" au conflit opposant leurs deux pays sur la région séparatiste du Nagorny Karabakh.
Cette rencontre à Vienne entre l'Arménien Serge Sarkissian et l'Azerbaïdjanais Ilham Aliev était la première depuis des négociations tripartites (avec les Russes) à Sotchi (sud-ouest de la Russie) en janvier 2012.
Le sommet dans la capitale autrichienne s'est déroulé sous l'égide des diplomates américain, français et russe qui coprésident le Groupe de Minsk de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Ce groupe supervise la médiation dans le conflit sur le Nagorny-Karabakh qui empoisonne les relations entre Erevan et Bakou depuis la fin des années 1980.
Les deux présidents "sont convenus de se rencontrer à nouveau dans les prochains mois", a indiqué l'OSCE dans un communiqué.
De leur côté, les coprésidents du Groupe de Minsk "envisagent de se rendre dans la région d'ici à la fin de l'année". Ils vont organiser des "réunions de travail" en marge du conseil ministériel de l'OSCE à Kiev les 5 et 6 décembre.
Aucun détail n'a filtré officiellement sur le contenu précis de la rencontre pour laquelle un strict huis clos a été observé.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Leonid Kojara, dont le pays assure la présidence tournante de l'OSCE, s'est borné à dire mardi soir que la rencontre Sarkissian-Aliev "contribuera à renforcer la confiance et la compréhension mutuelles.
De telles discussions, a-t-il ajouté, "sont une garantie pour la paix, la stabilité et de nouvelles possibilités de coopération régionale".
Pour Thomas de Waal, analyste auprès de la fondation Carnegie aux Etats-Unis, « il n’y a pas grand-chose à dire de cette réunion, sinon qu’il est important que deux présidents se soient vus pour la première fois en près de deux ans. Cela veut dire que le processus, qui était complètement à l’arrêt, est relancé, bien que très lentement".
"Les positions des deux parties demeurent extrêmement éloignées", souligne l’expert interrogé par l’AFP.
M. de Waal juge possible quelques mesures concrètes initiales entre les deux pays ennemis, telle que la réouverture des liaisons ferroviaires. "Mais rien de spectaculaire", insiste-t-il, "ne devrait se produire rapidement".
L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'opposent depuis les dernières années de l'URSS, dont elles étaient deux républiques fédérées, au sujet de la région séparatiste du Nagorny Karabakh, et des échanges de tirs entre troupes arméniennes et azerbaïdjanaises ont lieu régulièrement à proximité de cette région, ainsi que sur d'autres tronçons de la frontière.
Les incidents se sont récemment multipliés: fin octobre, Erevan avait annoncé la mort d'un soldat arménien, tué par les forces azerbaïdjanaises dans la région de Tavouch (nord-est de l'Arménie). Trois semaines plus tôt, l'Azerbaïdjan avait accusé l'Arménie de vouloir installer des réfugiés syriens dans cette région.
Signe que la situation a commencé à inquiéter, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a contacté ces jours-ci en personne Ilham Aliev et Serge Sarkissian, pour les presser de reprendre langue.
Rattaché à l'Azerbaïdjan à l'époque soviétique, le Nagorny Karabakh, une région à majorité arménienne, a été l'enjeu d'une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994.
Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région, qui reste une source de tension dans le Caucase du Sud, une zone stratégique située entre l'Iran, la Russie et la Turquie.
L'Azerbaïdjan a menacé de reprendre la région disputée par la force si les négociations n'aboutissaient pas. Parallèlement, l'Arménie a déclaré qu'elle riposterait à toute action militaire de son voisin.