Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis samedi à Bangkok, pour le troisième jour consécutif, afin de dénoncer une loi d'amnistie qui pourrait permettre le retour de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.
"Quand ils ont triché, ils leur suffit de faire passer une loi comme celle-ci pour eux-mêmes, afin de ne pas être reconnus coupables. Je ne peux pas accepter ça", explique à l'AFP au milieu de la foule un manifestant, Theerayu Chatchakul.
"Je ne suis pas d'accord, parce que cela servira à une seule personne, et pas à celles qui sont en prison. Celui qui a fait le mal n'est pas en prison. Il est celui qui ne reconnaît pas ses fautes", ajoute dans une allusion à l'ex-Premier ministre accusé de corruption Piayad, moine bouddhiste d'un temple de Bangkok.
Près de 3.000 manifestants, selon la police, ont répondu à l'appel du Parti démocrate samedi encore, bien loin ce pendant de la mobilisation massive attendue.
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Votée vendredi en troisième lecture par le Parlement, la loi d’amnistie doit encore être approuvée par le Sénat. Et l’opposition s’est engagée à tout faire pour la bloquer, jusqu’à saisir la cour constitutionnelle.
Le parti Démocrate, qui rassemble l’élite urbaine, et ses alliés des chemises jaunes, ont réussi par le passé à mobiliser les foules. Cette mobilisation avait à l’époque joué un rôle important dans le renversement du Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Mais désormais, l’opposition peine à mobiliser. Elle a rassemblé ces derniers jours plusieurs milliers de manifestants, un nombre jugé insuffisant pour menacer le gouvernement du Premier ministre, Mme Yingluck Shinawatra, sœur de Thaksin, qui pousse cette réforme.
Les partisans d'une amnistie générale estiment qu'elle permettrait au pays de repartir sur des bases saines, alors que la Thaïlande vit depuis des années au rythme d'immenses mouvements de rue pro- ou anti-Thaksin, renversé par un coup d'Etat en 2006.
La société est toujours profondément divisée entre les masses rurales défavorisées du nord et du nord-est, fidèles au milliardaire, et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal, qui le haïssent.
Les violences avaient culminé au printemps 2010, lors de la pire crise qu'ait connue la Thaïlande moderne.
Jusqu'à 100.000 "chemises rouges" favorables à Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du chef du gouvernement de l'époque Abhisit Vejjajiva, avant d'être délogés par l'armée. Quelque 90 personnes avaient été tuées et 1.900 blessées.