Le président sortant de la Géorgie et héros de la "Révolution des roses" de 2003, Mikheïl Saakachvili, est aujourd'hui un "cadavre politique", a déclaré à l'AFP son rival et Premier ministre Bidzina Ivanichvili, à une semaine de la présidentielle.
Ni l'un - le chef de l'Etat sortant qui ne peut briguer un troisième mandat -, ni le milliardaire Ivanichvili qui s'était engagé dès son arrivée à la tête du gouvernement fin 2012 à ne pas briguer la présidence, ne sont candidats. Mais les deux camps soutiennent chacun leur candidat au scrutin du 27 octobre.
"Saakachvili est un cadavre politique, plus jamais il ne pourra faire une carrière politique en Géorgie", a dit M. Ivanichvili au cours d'un entretien avec l'AFP dans sa gigantesque maison futuriste d'acier et de verre qui domine la capitale, Tbilissi.
Mikheïl Saakachvili, un avocat formé aux Etats-Unis et en France, avait été porté au pouvoir fin 2003 par la "Révolution des roses", une mobilisation populaire qui avait poussé dehors le vieux président et ancien ministre soviétique des Affaires étrangères Edouard Chevardnadzé, et donné à ce pays du Caucase une orientation pro-occidentale, européenne et atlantique, au grand dam du voisin russe.
Mais des accusation d'entorses aux règles démocratiques, les difficultés économiques et surtout l'épisode catastrophique d'une brève guerre en 2008 avec la Russie autour de la région séparatiste d'Ossétie du Sud, ont mis à mal la popularité de M. Saakachvili.
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Il y a un an, c'est le parti du "Rêve géorgien" de M. Ivanichvili, un homme d'affaires qui promettait notamment des relations apaisées avec Moscou, qui a remporté les législatives, inaugurant une période de "cohabitation" inédite dans cette ancienne république soviétique.
Bidzina Ivanichvili promet aujourd'hui des poursuites judiciaires au président sortant.
"J'estime qu'il y a trop de questions auxquelles Saakachvili doit répondre, et qu'il y a par conséquent de fortes probabilités qu'il soit interrogé", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre, qui a lui-même été accusé depuis son arrivée au pouvoir d'avoir multiplié les arrestations de proches de M. Saakachvili et d'anciens hauts responsables, a affirmé que d'éventuelles poursuites contre l'actuel président seraient dénuées de mobile politique.
Il affirme pour sa part qu'il quittera son poste après l'élection.
"Je quitterai le poste de Premier ministre avant le 24 novembre" et l'entrée dans ses fonctions du nouveau président, a-t-il assuré.
En dépit de sondages montrant qu'un quart des électeurs n'ont pas fait leur choix, M. Ivanichvili prédit que le candidat de son parti, Giorgi Margvelachvili, l'emportera dès le 27 octobre à la présidentielle.
"Notre candidat va l'emporter au premier tour, c'est pratiquement certain. Il n'y aura pas de second tour", a pronostiqué M. Ivanichvili.
Le candidat soutenu par le Mouvement de l'unité nationale de M. Saakachvili, David Bakradzé, arrive deuxième dans les intentions de vote.
M. Ivanichvili affirme également que la Géorgie va maintenir son orientation vers l'Europe et l'Otan, tout en continuant de rétablir ses relations avec Moscou.
"Personne ne peut détourner notre pays de notre principale orientation", a-t-il assuré, sur fond de vaste lutte d'influence en cours entre la Russie et l'Union européenne, notamment autour de l'Ukraine et de la Moldavie, deux autres anciennes républiques soviétiques.
Enfin, il rejette les soupçons de double jeu, selon lesquels il aurait l'intention de continuer de diriger la Géorgie dans l'ombre, et dit avoir l'intention de se consacrer au soutien à la société civile et au développement de la démocratie.