La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a dénoncé une «falsification totale» des élections législatives après la victoire du parti «Rêve géorgien» dirigé par le milliardaire pro-russe Bidzina Ivanichvili. La présidente a appelé à manifester ce lundi.
Au lendemain du scrutin remporté par le parti «Rêve géorgien», une formation qui prône une normalisation des relations avec la Russie, face à une opposition pro-européenne composée d'une alliance inédite entre plusieurs formations, la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a déploré une «falsification totale» des élections législatives appelant les citoyens à manifester pour dénoncer le résultat du scrutin.
«Je ne reconnais pas ces élections», a déclaré la présidente, anciennement française et naturalisée pour devenir candidate, depuis le palais présidentiel, à Tbilissi. «Nous avons été victimes d'une opération spéciale russe, une nouvelle forme de guerre hybride menée contre notre peuple et notres pays». La dirigeante, au pouvoir essentiellement symbolique dans le pays, a été appuyée par l’ensemble des dirigeants de l’opposition pro-européenne, qui ont également dénoncé des élections truquées.
«Nous ne reconnaissons pas les résultats faussés d'élections volées», a abondé Tina Bokoutchava, cheffe du Mouvement national uni (MNU), l’un des partis alliés dans l’opposition, lors d'une conférence de presse. Le leader du parti Akhali, autre composante de l'opposition, a pour sa part dénoncé «une usurpation de pouvoir et un coup constitutionnel». Plus tôt, l'ex-président Mikheil Saakachvili, aujourd'hui emprisonné et également très critique du gouvernement, avait lui aussi appelé à des «manifestations massives» afin de «montrer au monde que nous luttons pour la liberté».
Le scrutin a été «entaché par des inégalités entre candidat, des pressions et des tensions», ont par ailleurs estimé les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l'Otan ou encore d'organes de l'UE. Le parti au pouvoir bénéficiait de «nombreux avantages», notamment financiers, il y a eu «des cas d'achats de vote», des atteintes au «secret du vote», ont-ils énuméré dans un communiqué, tandis qu'un de ces observateurs, le député européen espagnol Antonio Lopez-Isturiz White, a regretté un «recul de la démocratie» en Géorgie. Les observateurs du Parlement européen ont eux indiqué avoir été témoins de cas de «bourrage d'urnes» et d’«agressions physiques» à l'encontre d'observateurs.
Le parti au pouvoir confirme, l'Europe demande des comptes
Le Rêve géorgien a remporté 54,08% des voix, contre 37,58% pour la coalition pro-européenne, selon le dépouillement réalisé dans plus de 99% des circonscriptions, a précisé lors d'une conférence de presse le président de la commission électorale centrale, Giorgi Kalandarishvili. Le scrutin s'est «déroulé dans un environnement calme et libre», a-t-il assuré. «Comme le montrent les résultats rendus publics par la commission électorale centrale, le Rêve géorgien s'est assuré une solide majorité» dans le nouveau parlement, a déclaré aux journalistes le secrétaire exécutif du parti Mamuka Mdinaradze.
De son côté, Charles Michel, le président du Conseil européen, a exhorté ce dimanche les autorités électorales de la Géorgie à «enquêter» sur des «irrégularités» dans les élections législatives. «Nous appelons la Commission électorale centrale et les autres autorités compétentes à s'acquitter de leur devoir et d'enquêter rapidement, de manière transparente et indépendante, et de statuer sur les irrégularités électorales et les allégations en la matière», a écrit Charles Michel sur X, faisant état d'une évaluation préliminaire réalisée par des observateurs électoraux internationaux. «Ces irrégularités présumées doivent être sérieusement clarifiées et traitées», a-t-il ajouté.