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Qatar : l'émir abdique au profit de son fils

L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, le 23 juin 2013 à Doha [Bertrand Langlois / AFP] L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, le 23 juin 2013 à Doha [Bertrand Langlois / AFP]

L'émir du Qatar a abdiqué mardi au profit de son fils, affirmant vouloir passer le flambeau à la nouvelle génération dans ce riche Etat gazier du Golfe qui joue un rôle diplomatique arabe et international de premier plan.

L'abdication de cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, 61 ans, arrivé au pouvoir en 1995 par une révolution de palais, est une démarche rare dans l'histoire récente du monde arabe où les souverains vieillissants se maintiennent au pouvoir.

Elle ne devrait cependant pas avoir d'incidence sur la politique générale du Qatar, proche allié des Etats-Unis dont il abrite une importante base militaire, mais qui soutient également les islamistes parvenus au pouvoir à la faveur du Printemps arabe.

Dans un discours télévisé à la nation, l'émir du Qatar a affirmé que "le temps est venu d'ouvrir un nouveau chapitre" et de "confier les responsabilités à la nouvelle génération".

"Je m'adresse aujourd'hui à vous pour annoncer que je remets le pouvoir à cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. (...) Je suis convaincu que pour Tamim l'intérêt du pays et la prospérité de son peuple seront des priorités", a déclaré l'émir.

Cheikh Hamad avait déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995, héritant d'un petit émirat quasiment inconnu dont les caisses étaient presque vides.

En 18 ans, il a fait du Qatar l'un des pays les plus riches au monde, avec un PIB par habitant de 98.000 euros en 2011 selon la Banque mondiale, et un acteur incontournable dans toutes les crises de la région.

Montage des portraits de l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, et de son fils le prince héritier Tamim, le 26 mars 2013 à Doha [Karim Sahib/Mohammed al-Shaikh / AFP/Archives]
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Montage des portraits de l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, et de son fils le prince héritier Tamim, le 26 mars 2013 à Doha
 

Remaniement ministériel attendu

Le nouvel émir, âgé de 33 ans, sera le plus jeune souverain d'une monarchie du Golfe.

Les monarchies arabes du Golfe aux souverains vieillissants, Arabie saoudite en tête, ont félicité le nouveau souverain du Qatar. L'émir du Koweit, cheikh Sabah Al-Ahmad Al Sabah, âgé de 84 ans, s'est rendu en personne à Doha.

Le nouvel émir du Qatar doit prononcer mercredi un discours à la nation et pourrait ensuite procéder à un remaniement ministériel, qui devrait être marqué par un départ du puissant Premier ministre, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, selon des sources concordantes.

Ce dernier, également ministre des Affaires étrangères, a joué à ce titre un rôle central dans l'appui aux soulèvements arabes, qui se poursuit aujourd'hui avec un soutien sans faille à la rébellion syrienne.

Mais "dans un premier temps, il ne faut pas s'attendre à des changements spectaculaires dans les orientations du Qatar", estime l'analyste Olivier Da Lage.

L'abdication de l'émir n'a pas non plus d'impact immédiat sur la note souveraine du petit Etat gazier, qui reste stable selon l'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P).

Cheikh Hamad, né en 1952, souffrirait de problèmes rénaux selon des sources politiques, mais il semblait en bonne santé lorsqu'il a accueilli ce week-end le président français François Hollande.

Mardi a été proclamé jour férié au Qatar et la télévision a montré des personnalités se pressant au palais pour faire allégeance au nouvel émir.

Outre les notables qataris en longue file, la télévision a montré l'influent prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, éminence grise des Frères musulmans, embrassant le nouveau souverain.

Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani sur le prron de l'Elysée, à Paris, le 3 février 2010 [Eric Feferberg / AFP/Archives]
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Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani sur le prron de l'Elysée, à Paris, le 3 février 2010
 

"La décision de l'émir est en harmonie avec la politique du Qatar", a estimé Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center.

"L'émir estimait qu'après avoir passé 18 ans au pouvoir, il était temps de passer à la nouvelle génération qui était préparée depuis un certain temps. Ce qui est remarquable, c'est que la décision a été appliquée en dépit de la situation critique dans la région, notamment avec le dossier syrien", a-t-il ajouté.

Nommé prince héritier il y a dix ans, cheikh Tamim, quatrième fils de l'émir, a progressivement conforté son autorité ces dernières années en prenant en main la gestion de dossiers sensibles de politique étrangère et intérieure.

Sa mère est la très influente cheikha Moza, deuxième épouse du souverain.

Cheikh Tamim était commandant en chef adjoint des forces armées et son père lui avait confié, ces trois dernières années, la gestion de l'armée et de la sécurité. Il "a d'excellentes relations avec l'Occident, notamment avec les Etats-Unis et la France", selon une source diplomatique occidentale.

 

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