Le pape François a appelé à lutter "avec détermination" contre les abus pédophiles au sein du clergé, s'inscrivant dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI pour combattre un scandale qui a profondément entaché l'image de l'Eglise catholique.
"Le Saint-Père a demandé en particulier que la Congrégation, poursuivant la ligne établie par Benoît XVI, agisse avec détermination en ce qui concerne les cas d'abus sexuels", a indiqué le Vatican dans un communiqué.
C'est la première fois que le pape argentin s'exprime publiquement et directement sur ces abus commis pendant des décennies contre des dizaines de milliers d'enfants.
Le communiqué a été publié à l'issue d'une audience que le pape François a accordée à Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), en charge de ces affaires au sein de l'Eglise catholique.
Le pape a demandé "la promotion de mesures de protection des mineurs et l'aide à ceux qui dans le passé ont dû subir de telles violences".
Dans la lignée de son prédécesseur, le souverain pontife a réclamé la poursuite "des procédures à l'encontre des coupables" et rappelé aux conférences épiscopales leur devoir de "formuler et mettre en oeuvre les directives nécessaires dans ce domaine".
![Le pape François le 3 avril 2013 à son arrivée au Vatican pour l'audience générale [Andreas Solaro / AFP]](http://www.directmatin.fr/sites/default/files/styles/image_630_400/public/000_ARP3483959.jpg)
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Il a également assuré que "dans son attention et dans ses prières pour ceux qui souffrent, les victimes des abus (sexuels, ndlr) sont présentes d'une manière particulière".
Le scandale des prêtres qui avaient abusé d'enfants et d'adolescents a éclaté aux Etats-Unis au début des années 2000.
Puis il a rebondi en 2010, avec une nouvelle vague de révélations aux Etats-Unis, en Australie, dans l'Allemagne du pape Joseph Ratzinger et en Irlande où des dizaines de milliers de cas d'abus ont été répertoriés.
Le Vatican a indiqué récemment qu'il continuait de recevoir près de 600 plaintes chaque année, pour des cas de pédophilie datant surtout des années 60, 70 et 80.
Le crime de ces prêtres était souvent aggravé par l'omerta dont il était entouré, certains coupables étant protégés par des prélats ou simplement mutés.
L'Eglise d'Amérique latine a connu sa série de scandales, le plus célèbre impliquant le fondateur mexicain du mouvement conservateur des Légionnaires du Christ, Marcial Maciel.
Le prédécesseur de François, le pape Benoît XVI avait demandé pardon au nom de l'Eglise aux victimes et prôné la tolérance zéro.
En mai 2011, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait publié un document ordonnant aux évêques de déférer à la justice les membres du clergé soupçonnés de pédophilie et de les empêcher d'exercer un ministère dangereux pour les mineurs.
Dans la foulée, elle avait donné un an aux Conférences épiscopales du monde entier pour établir des lignes directrices en matière de lutte contre la pédophilie, leur demandant de collaborer avec la justice civile.
Le 'procureur' du Vatican dans la lutte contre les affaires de pédophilie de ces dernières années, Mgr Charles Scicluna, a indiqué récemment qu'"à la mi-septembre" de l'année dernière, "75% des Conférences épiscopales avaient envoyé une réponse".
Le dossier de la lutte au sein de l'Eglise contre les prêtres pédophiles est l'un des plus difficiles qui attendent le pape François, comme en témoigne la réaction immédiate à son communiqué d'une association de victimes qui a demandé "des actes, pas des paroles".
"Les enfants ne seront pas aidés par la 'poursuite' des petits gestes symboliques décidés par Benoît XVI. Il ne faut pas confondre les mots avec l'action. Ce dont nous avons besoin ce sont des actes, pas d'un débat", a déclaré dans un communiqué Barbara Dorris, une responsable de Snap, association américaine de victimes de prêtres pédophiles.
Les associations de victimes comme Snap, qui a déposé une plainte pour "crimes contre l'humanité" contre le Vatican devant la Cour pénale internationale (CPI), demandent à l'Eglise de publier les noms des prêtres prédateurs sur Internet et d'ordonner à tous les évêques de signaler systématiquement les cas d'abus à la police.