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Les premiers pas du pape François

Le pape François priant a Vierge dans une basilique romaine. [OSSERVATORE ROMANO / AFP]

Le pape François a fait jeudi ses premiers pas dans sa nouvelle fonction en lançant un appel à la purification de l'Eglise et à l'obéissance au Christ, au cours de sa première messe à la Chapelle Sixtine.

L'Eglise "n'est qu'une ONG" si elle ne professe pas Jésus et n'accepte pas de porter sa croix, a lancé en termes plutôt directs le pape argentin aux 114 cardinaux électeurs réunis jeudi après-midi dans la Chapelle Sixtine.

Dans son homélie de dix minutes, le pape âgé de 76 ans, premier jésuite à monter sur le trône de Pierre, a aussi appelé les cardinaux, les évêques et tous les prêtres à "cheminer, édifier, professer" leur foi. Mais tout cela n'est que "mondain" si ce n'est pas ancré dans le Christ, a-t-il martelé.

Après la messe, l'ancien cardinal Bergoglio devait se rendre au troisième étage du Palais apostolique afin d’ôter les scellés apposés sur les portes d’accès aux appartements pontificaux, où il prévoit de s'installer rapidement, a annoncé le Vatican.

Dans la matinée, Jorge Mario Bergoglio, jusqu'alors archevêque de Buenos Aires, avait prié la Vierge Marie lors d'une très discrète visite "privée" dans la basilique Sainte-Marie-Majeure.

Vêtu d'une soutane blanche, souriant et chaleureux, il a déposé un simple bouquet de fleurs, puis a salué personnellement, un à un, les confesseurs dans la basilique : "Vous êtes des confesseurs, alors soyez miséricordieux envers les âmes, elles en ont besoin", leur a-t-il recommandé.

Le pape François le 14 mars 2013 à la basilique Sainte-Marie à Rome [- / AFP/Osservatore Romano]
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Le pape François le 14 mars 2013 à la basilique Sainte-Marie à Rome
 

"C'était une rencontre émouvante, pleine de bonté et d'humilité", a commenté le père Ludovico Melo, l'un des participants.

Sur le plan des rapports inter-religieux, il a adressé au chef de la communauté hébraïque de Rome une courte missive où il a exprimé so souhait de contribuer au "progrès des relations entre juifs et catholiques".

Issu d'Amérique latine, le continent le plus catholique du monde, le nouveau pape a choisi le nom de François, du nom de l'un des saints les plus populaires du christianisme : Saint François d'Assise, qui abandonna ses richesses pour vivre dans la pauvreté.

Imprimant dès les premières heures de son pontificat un total détachement vis à vis des ors du pouvoir, le nouveau pape a pris son petit-déjeuner avec six autres cardinaux. La veille, il avait refusé la voiture spéciale qui devait le reconduire de la basilique à la maison Sainte-Marthe, entrant dans le minibus avec ses "frères" cardinaux qui l'ont élu pape à l'issue de cinq scrutins, au cours de l'un des conclaves les plus courts de l'histoire.

Lors de sa première apparition publique au balcon de Saint-Pierre mercredi soir, il a rappelé un peu l'humour de Jean Paul II avec sa boutade - "On dirait que mes frères cardinaux sont allés prendre l'évêque de Rome presque au bout du monde" - et la bonhomie et l'humilité de Jean XXIII, y compris dans la tonalité de sa voix, quand il a dit "Bonne nuit".

Un geste surtout a été retenu, qui restera dans l'histoire: "Je veux vous demander une faveur, avant de vous donner ma bénédiction, je vous demande votre prière, qui est la bénédiction du peuple pour son évêque". Et il s'est incliné.

Autre preuve de son humour: "Après le conclave, il y a eu un dîner joyeux à la maison Sainte-Marthe" où logeaient tous les cardinaux ayant participé à l'élection du pape, "et à la fin au cours d'un toast il a dit aux cardinaux : 'que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait'", a rapporté le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

Les fidèles en liesse le 13 mars 2013 place Saint-Pierre à Rome [Johannes Eisele / AFP]
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Les fidèles en liesse le 13 mars 2013 place Saint-Pierre à Rome
 

Le nouveau pape a déjà un agenda chargé pour les jours à venir.

Vendredi matin, il recevra l'ensemble du collège cardinalice dans la Salle Clémentine. Le lendemain, il rencontrera les journalistes et les responsables de la communication.

Dimanche, il récitera le traditionnel Angélus depuis l'appartement papal. Enfin, la messe d'installation du pontificat --où sont attendus chefs d’État et de gouvernement-- aura lieu mardi dans la basilique Saint-Pierre. Benoît XVI n'y assistera pas, fidèle à sa volonté de se retirer complètement.

Lundi, le nouveau pape rencontrera des délégations des autres Églises chrétiennes venus pour sa messe d'inauguration.

 
 

Seule ombre au tableau de cette première journée: l'élection d'un Argentin a fait ressurgir la controverse sur l'attitude de l'Eglise argentine pendant les années de dictature (1976-1983).

Les détracteurs de Jorge Bergoglio stigmatisent son rôle dans la disparition de deux missionnaires jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, emprisonnés le 23 mars 1976, puis torturés dans un centre de détention connu pour sa cruauté, l'Ecole de mécanique de l'armée (ESMA). Ils avaient été libérés cinq mois plus tard.

Jorge Bergoglio a toujours nié toute responsabilité, soutenant avoir interpellé à l'époque le chef de la junte militaire, Jorge Videla, pour obtenir leur libération.

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