Le procès de Luka Rocco Magnotta, accusé d'avoir tué en mai dernier un étudiant chinois et découpé son corps en morceaux tout en enregistrant ses gestes en vidéo, s'ouvre lundi au Palais de justice de Montréal sous les projecteurs des médias canadiens et étrangers.
Les parents de Lin Jun, venus de Chine après la découverte de son corps, sont revenus au Québec pour assister à la première audience et voir de près celui qu'ils avaient qualifié de "diable".
Cette première journée du procès et même plusieurs suivantes pourraient se révéler pauvres en éléments nouveaux portés à la connaissance du public, car il s'agit d'abord de l'enquête préliminaire, qui doit permettre à la juge d'évaluer les éléments réunis par l'accusation pour décider s'il y a lieu de poursuivre.
Or, ces éléments font l'objet d'une ordonnance de non-publication, réduisant potentiellement les comptes-rendus de la presse à la description de l'attitude de l'accusé et aux éventuelles déclarations des avocats dans les couloirs.
Avec ces limitations, il semble peu probable que la demande de huis clos présentée par les défenseurs de Magnotta, Me Luc Leclair et Me Pierre Panaccio, soit acceptée par la juge Lori-Renée Weitzman.
L'enquête préliminaire avait été initialement prévue pour durer jusqu'au 23 mars. Mais le nombre de témoins que l'accusation compte faire comparaître fait craindre qu'elle ne soit ensuite reportée au mois de juin.
L'affaire Magnotta avait suscité un large écho à l'étranger, à cause de la vidéo du crime sadique diffusée sur internet et de la cavale de son auteur présumé en France et en Allemagne, où il avait été arrêté le 4 juin 2012 dans un cyber-café alors qu'il lisait des articles sur l'enquête.
Ancien acteur porno et prostitué, âgé aujourd'hui de trente ans, Magnotta est accusé aussi de s'être livré à des actes scabreux sur le corps de la victime et d'en avoir envoyé des parties par la poste à travers le Canada, y compris au parti conservateur au pouvoir. Paraissant obsédé par son image, pendant plusieurs années il avait cherché à se faire connaître sur internet en affichant ses photos, vidéos et messages écrits. Il avait notamment mis sur YouTube des vidéos où il asphyxiait des petits chats.