Les Equatoriens votent dimanche aux élections générales, avec un nouveau plébiscite en vue pour le président Rafael Correa, l'un des leaders de la gauche latino-américaine, résolu à marquer une dernière fois de son empreinte ce pays de 15 millions d'habitants.
Au pouvoir depuis six ans, cet économiste de 49 ans, crédité d'une très large avance face à une opposition éclatée, devrait obtenir dès le premier tour, sauf coup de théâtre, un mandat supplémentaire jusqu'en 2017, le dernier que lui autorise la loi.
Dirigeant charismatique et populaire, M. Correa devancerait nettement le banquier conservateur Guillermo Lasso, principal rival parmi sept candidats, avec plus de 60% d'intentions de vote, selon les derniers sondages publiés la veille.
ci-dessus
A l'occasion de ce scrutin, ouvert à 7H00 à 17H00 (12H00 à 22H00 GMT), les électeurs désignent également leurs 137 représentants au parlement, où le parti du président, Alianza Pais, ne dispose que d'une majorité relative.
Durant toute la campagne, ce fervent catholique a sillonné le pays des Andes à la forêt amazonienne, pour réclamer le droit de "continuer à changer le pays" et poursuivre sa "révolution citoyenne".
Adversaire déclaré du néolibéralisme, cet homme élégant, issu d'une famille modeste et formé grâce à une bourse d'étude dans une université américaine, s'est forgé une réputation par son attitude intransigeante.
Après avoir imposé un moratoire sur la dette exterieure, il a contraint les compagnies pétrolières à quadrupler les dividendes versés à l'Etat, afin de financer des programmes de santé et d'éducation.
ci-dessus
Près de 30% des Equatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16%.
Les constructions de routes, d'écoles ou d'hôpitaux, financé grâce à la flambée du pétrole, principale ressource, ont convaincu nombre d'Equatoriens de lui accorder une longévité inédite.
Secoué par une crise qui a conduit à la dollarisation de l'économie en 2000, époque durant laquelle M. Lasso fut brièvement ministre des Finances, ce pays a vu défiler pas moins de sept dirigeants en dix ans, avant l'histoire d'amour avec M. Correa.
La haine de ses détracteurs n'a pas non plus faibli.
Convaincu de pousser le chef à un ballotage, M. Lasso, qui prône une baisse des impôts et la relance du secteur privé, est persuadé qu'un "autre Equateur est en train d'arriver".
Pris en grippe par les milieux d'affaires, qui lui reprochent de faire fuire les capitaux et gonfler la dépense publique, M. Correa est aussi en guerre avec les groupes privés de communication.
Furieux de leur soutien à une rébellion policière en 2010, il compte renforcer une loi de régulation des médias, l'un de ses projets les plus controversés avec le développement de l'industrie minière, qui heurte la communauté indigène.
Ses ennemis, qui le taxent d'autoritarisme et d'intolérance, pointent ses amitiés avec Cuba et le soupçonne de briguer la succession de son ami vénézuélien Hugo Chavez, même s'il affiche une attitude plus pragmatique envers les Etats-Unis.
Le président équatorien a encore récemment ravivé l'irritation de Washington, en octroyant l'asile dans son ambassade à Londres au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, célèbre pour avoir révélé les secrets de la diplomatie américaine.