L'offre de dialogue avec Damas lancée par le chef de l'opposition pour trouver une solution à près de deux ans de conflit meurtrier en Syrie suscite de violentes critiques dans son propre camp, déjà divisé, avant même que le régime n'y réponde.
L'ouverture d'Ahmed Moaz al-Khatib, président de la Coalition de l'opposition, est intervenue après plus de 22 mois de violences meurtrières, et elle est soutenue non seulement de Washington et de la Ligue arabe, mais surtout des deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran.
Mais le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition, a opposé une fin de non-recevoir à la proposition de M. Khatib de dialoguer sous conditions avec le régime de Bachar al-Assad.
Affirmant sans ambages que le CNS était attaché à ses "principes", soit "la chute du régime syrien avec toutes ses composantes et le refus de tout dialogue avec lui", le groupe a refusé que la "révolution" syrienne devienne "otage de compromis internationaux".
Le CNS a également exprimé son indignation après des contacts inédits entre M. Khatib et le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi, qui se sont rencontrés dimanche, affirmant "refuse(r) cette démarche, tant que l'Iran soutient le régime".
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Ces critiques jettent le trouble au sein de la Coalition, née tout juste en novembre au forceps après plusieurs tentatives vaines d'unir des groupes d'opposants hétéroclites. M. Khatib avait anticipé les critiques, refusant "que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison".
Le pouvoir à Damas n'a toujours pas réagi à l'offre, même si un quotidien proche du régime a douté de son sérieux, estimant que la proposition était "insuffisante" et appelant M. Khatib indirectement à désavouer la rébellion armée.
La diplomatie américaine avait apporté son soutien à l'offre de M. Khatib, tout en excluant l'immunité pour M. Assad. Le chef de la Coalition avait proposé d'ouvrir des négociations avec le vice-président Farouk al-Chareh, évoqué tour à tour par la Ligue arabe, les Nations unies et la Turquie pour remplacer Bachar al-Assad en cas de transition négociée.
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"Machines à tuer"
Loin des tractations diplomatiques, les violences ne cessent pas en intensité en Syrie, où selon l'ONU, plus de 60.000 personnes ont péri en près de deux ans.
Outre les tueries, les destructions et la situation humanitaire catastrophique, la population la plus vulnérable semble de plus en plus prise dans l'engrenage de la guerre.
"Quand ils arrivent ici, ce sont des enfants. Mais quand ils sortent, ils sont devenus des machines à tuer", affirme à l'AFP, sans état d'âme, un sergent déserteur qui forme des adolescents dans la région d'Alep (nord) pour les envoyer au combat contre l'armée régulière.
Dans ville de Palmyre (centre), 12 membres des services de sécurité ont été tués après un double attentat suicide à la voiture piégée contre des bâtiments des services syriens du renseignement, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une attaque inédite dans cette ville célèbre pour ses ruines romaines.
Et à Damas, de "combats intenses" opposent rebelles et soldats dans le quartier de Qadam (sud), ainsi que dans la périphérie de Jobar et de Qaboune (est). Les habitants de la capitale ont entendu des "bombardements inhabituellement intenses".
Les violences ont encore tué 106 personnes mardi selon l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants, de médecins et d'avocats dans le pays.