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Syrie : le CNS rejette tout dialogue avec le régime

Montage de deux portraits du vice-président Farouk al-Chareh (G) le 12 juillet 2011 et de Ahmed Moaz al-Khatib (D) le 2 février 2013 [Christof Stache / AFP/Archives] Montage de deux portraits du vice-président Farouk al-Chareh (G) le 12 juillet 2011 et de Ahmed Moaz al-Khatib (D) le 2 février 2013 [Christof Stache / AFP/Archives]

Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a réaffirmé mardi être contre tout dialogue avec le régime de Bachar al-Assad, s'opposant à une proposition en ce sens du chef de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib.

Cette offre de dialogue, intervenue après plus de 22 mois de violences meurtrières, a reçu en revanche le soutien de Washington et la Ligue arabe, de même que des deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran.

Dans un communiqué, "le Conseil national syrien souligne devant le peuple et la révolution son attachement à ses principes et ses objectifs, soit la chute du régime syrien avec toutes ses composantes, le refus de tout dialogue avec lui, et la protection de la révolution pour qu'elle ne devienne pas otage de compromis internationaux".

Il dénonce aussi une rencontre dimanche entre M. Khatib et le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, affirmant "refuse(r) cette démarche, tant que l'Iran soutient le régime".

Le président syrien Bachar al-Assad (G) et le vice-président Farouk al-Chareh (D) le 9 novembre 2008 au Caire [Louai Beshara / AFP/Archives]
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Le président syrien Bachar al-Assad (G) et le vice-président Farouk al-Chareh (D) le 9 novembre 2008 au Caire
 

Le régime de Bachar al-Assad n'a toujours pas réagi de façon officielle, mais le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, a estimé que malgré son "importance politique", l'offre arrivait avec "deux ans de retard" et ne suffisait pas pour que M. Khatib soit considéré comme "un négociateur acceptable".

"Les déclarations de M. Khatib restent insuffisantes (...) Elles sont une manoeuvre politique visant à corriger son erreur d'avoir soutenu le Front (jihadiste) al-Nosra", ajoute Al-Watan, laissant entendre que le chef de l'opposition devrait désavouer la rébellion armée avant que Damas ne consent au dialogue.

La diplomatie américaine a en revanche apporté son soutien à l'offre de M. Khatib. "Si le régime (de Damas) a le moindre intérêt à (faire) la paix, il doit s'asseoir et parler maintenant avec la coalition de l'opposition syrienne, et nous soutiendrons fortement l'appel de Khatib", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland, en excluant toutefois l'immunité pour M. Assad.

Proposition "humaine"

La Ligue arabe s'est aussi dite prête à "apporter tout le soutien et le parrainage nécessaires pour faciliter la tenue du dialogue et aider les Syriens à sortir du tunnel".

Le chef de l'opposition Ahmed Moaz al-Khatib a créé la surprise le 30 janvier en se déclarant prêt à dialoguer, sous conditions, avec des représentants du régime, dans un texte posté sur sa page Facebook.

Lundi, il a proposé d'ouvrir des négociations avec le vice-président Farouk al-Chareh, évoqué tour à tour par la Ligue arabe, les Nations unies et la Turquie pour remplacer Bachar al-Assad en cas de transition négociée.

Ahmed Moaz al-Khatib (G) et Lakhdar Brahimi (D) le 1er février 2013 à Munich [Thomas Kienzle / AFP/Archives]
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Ahmed Moaz al-Khatib (G) et Lakhdar Brahimi (D) le 1er février 2013 à Munich
 

M. Khatib a d'ores et déjà répondu aux critiques au sein de son propre camp, refusant "que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison".

Certains opposants soutiennent d'ailleurs sa proposition en raison des souffrances endurées de la population.

"Tenter de mettre fin au bain de sang avec une proposition aussi humaine pourrait avoir plus de résultats que (...) participer à des conférences", a affirmé l'opposant kurde indépendant Massoud Akko sur sa page Facebook.

"La proposition est intelligente car elle met le régime devant une position difficile à l'égard de ses partisans", a affirmé de son côté à l'AFP Abou Nadim, un militant de Douma, près de Damas. Mais, a-t-il souligné, "en politique, les bonnes intentions ne suffisent pas".

Les tractations diplomatiques interviennent alors que la population est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d'une terrible dégradation de la situation humanitaire.

Après 123 morts lundi, les violences ont encore tué 64 personnes mardi --18 soldats, 26 rebelles, 20 civils--, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

D'autre part, le président israélien Shimon Peres, dont le pays a revendiqué à demi-mot un raid aérien la semaine dernière en Syrie, a appelé les Nations unies et la Ligue arabe à agir d'urgence pour mettre fin à la "tragédie" en Syrie.

"La Syrie est une tragédie. Son président massacre son peuple. A mon avis, les Nations unies devraient charger la Ligue arabe de la formation immédiate d'un gouvernement de transition en Syrie pour la sauver de l'autodestruction", a-t-il souligné.

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