Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, s'apprêtait à renouveler sa direction lundi à Bloemfontein (centre) et réélire le président Jacob Zuma haut la main face à son adjoint Kgalema Motlanthe.
Malgré les critiques et les divisions internes, la victoire semble assurée pour le président Zuma, qui dirige à la fois le parti et le pays, et sa future équipe rapprochée. Il a face à lui une opposition hétéroclite menée par le vice-président Motlanthe, son associé depuis qu'il s'est emparé du parti en 2007, et récemment devenu rival.
Les trois-quarts des quelque 4.000 délegués désignés par la base (les provinces, les ligues des femmes, de la jeunesse et des vétérans) et envoyés au congrès de Bloemfontein par sont favorables à Jacob Zuma, selon des décomptes de la presse sud-africaine.
Les clameurs qui ont accompagné l'annonce des noms des candidats, lors d'une théâtrale séance plénière à la mi-journée, n'ont d'ailleurs guère laissé de doute sur le vote du congrès de l'ANC.
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Le "top six" de la direction sortante (président, vice-président, secrétaire général, secrétaire général adjoint, coordinateur national et trésorier) est divisé, avec trois candidats dans chaque camp.
Pour la place de vice-président, l'ex-syndicaliste devenu l'homme d'affaires Cyril Ramaphosa --désigné par le camp Zuma-- est archi-favori. Il a deux rivaux dans un scrutin dont le vainqueur sera désigné à la majorité simple: Tokyo Sexwale, autre figure de l'ANC reconvertie dans les affaires, et le trésorier sortant Mathews Phosa.
Cyril Ramaphosa, futur vice-président et plus tard président ?
Le vice-président du parti dominant a de bonnes chances d'accéder à la tête du parti dans cinq ans. Il pourrait également devenir sous peu vice-président de la République si, battu à Bloemfontein, M. Motlanthe est acculé à la démission. Et pourquoi pas porter les couleurs de l'ANC aux élections générales de 2014 si Jacob Zuma décide de ne faire qu'un mandat à la tête de l'Etat ?
"Le temps joue pour Zuma, et on ne peut l'arrêter. Personne ne peut l'arrêter", s'enthousiasme Subisiso Banda, déléguée du KwaZulu-Natal (est), la province du président.
"Nous avons besoin de continuité et stabilité à l'ANC et dans le pays", renchérit Pemmi Majodina, qui représente la Ligue des femmes.
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Pour les opposants à l'intérieur de l'ANC, il s'agit surtout de pouvoir s'exprimer, comme l'explique le ministre de la Culture Paul Mashatile, candidat du camp Motlanthe pour le poste de trésorier.
"Nous gardons espoir, c'est un vote à bulletins secrets. Le plus important, c'est de permettre aux délégués de voter", estime-t-il, ajoutant qu'il ne serait pas sain d'imposer au parti une direction dont la composition aurait été concoctée dans une arrière-cuisine.
Dans la préparation du congrès, les querelles de personnes ont éclipsé tout débat de fond, alors que la société civile est de plus en plus critique sur la gestion du parti qui a largement contribué à libérer le pays de l'apartheid au début des années 1990.
Corruption, clientélisme et tentations totalitaires des dirigeants font quotidiennement la une des journaux, alors que plus d'un quart de la population a faim et que l'éducation est en faillite.
La police sud-africaine a parallèlement annoncé lundi qu'elle avait arrêté quatre hommes "considérés comme des extrémistes de droite et soupçonnés d'actes de terrorisme".
Des médias sud-africains ont rapporté que les extrémistes présumés - des blancs - visaient le congrès de l'ANC. Mais la police a démenti cette information.
La sécurité a cependant été renforcée lundi aux abords de l'université de Bloemfontein où se déroule le congrès de l'ANC jusqu'à jeudi.