L'attentat meurtrier à la voiture piégée, qui a tué vendredi à Beyrouth le chef des renseignements de la police, un général hostile à Damas, a été condamné unanimement, y compris en Syrie.
Le chef de l'opposition libanaise, Saad Hariri, ainsi que le dirigeant druze Walid Joumblatt ont accusé le président syrien Bachar al-Assad d'avoir assassiné le général Wissam al-Hassan.
Le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a cependant dénoncé un acte "lâche" et "terroriste". "Ces attentats terroristes sont injustifiables où qu'ils se produisent", a ajouté le ministre, cité par l'agence officielle Sana.
Le Conseil de sécurité de l'Onu a "condamné fermement l'attentat terroriste" commis à Beyrouth et a exhorté les Libanais à "préserver l'unité nationale".
Dans une déclaration, les 15 pays membres du Conseil soulignent la nécessité de "poursuivre en justice les responsables, organisateurs et soutiens financiers de ce crime" et se déclarent déterminés à soutenir les efforts du gouvernement libanais en ce sens.
Les 15 pays membres "réaffirment leur condamnation sans réserve de toute tentative de déstabiliser le Liban par des assassinats politiques". Ils appellent "tous les Libanais à préserver l'unité nationale" face à de telles menaces et invitent tous les partis libanais à "poursuivre le dialogue national".
A Washington, la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, a condamné "dans les termes les plus forts ce qui semble être un acte terroriste. Rien ne peut justifier une telle violence". "Nous n'avons pas de raison de croire qu'il ne s'agissait pas de terrorisme. Nous condamnons cet acte terroriste", a-t-elle martelé.
"Nous avons dit depuis des semaines et des mois que nous redoutions une montée des tensions, notamment communautaires, au Liban, qui résulterait d'un débordement du conflit en Syrie", a rappelé Mme Nuland, disant "ne vouloir préjuger de rien avant que les autorités libanaises ne déterminent qui sont les responsables" de l'attentat.
Le président français François Hollande a appelé les responsables libanais à protéger leur pays de "toutes les tentatives de déstabilisation, d'où qu'elles viennent". Saluant dans le général Wissam al-Hassan "un homme dévoué à son pays, à sa stabilité et à son indépendance", M. Hollande a appelé "tous les responsables politiques libanais à maintenir l'unité du Liban et le protéger de toutes les tentatives de déstabilisation, d'où qu'elles viennent".
La représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a "fermement condamné" l'attentat et appelé les Libanais à ne pas se laisser destabiliser.
"Cette attaque choquante contraste fortement avec les efforts récents pour reconstruire ce pays, garantir sa stabilité, consolider le sentiment d'unité nationale et promouvoir une culture du dialogue", estime Mme Ashton dans un communiqué.
"Les auteurs de ce crime doivent être poursuivis et traduits en justice", poursuit-elle. "J'appelle tous les Libanais à rester calmes et à faire en sorte que cette attaque ne déstabilise pas le pays.
L'Union européenne, prix Nobel de la Paix 2012, "continuera à soutenir totalement les efforts en faveur de la sécurité et de l'unité du Liban, qui sont essentiels pour la stabilité de la région", conclut Mme Ashton.
Le Vatican a lui aussi condamné fermement l'attentat. Cette "absurde violence meurtrière" ne doit pas être "une occasion pour un accroissement de la violence", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Le Canada a "vigoureusement" condamné un "acte de terrorisme lâche". Le ministre des Affaires étrangères s'est dit "atterré et profondément préoccupé".
Le Brésil a souhaité "manifester sa peine et sa solidarité avec les familles des victimes", tandis que le Mexique présentait "ses plus sincères condoléances au peuple et au gouvernement libanais, ainsi qu'aux familles des victimes" tout en "rejetant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations".
La Syrie, ancienne puissance de tutelle au Liban, a été pointée du doigt pour la série d'assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas entre 2005 et 2008, notamment celui de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué en le 14 février 2005 par un attentat qui a coûté la vie à 22 autres personnes.
Au moins huit personnes ont été tuées et 86 blessées vendredi dans l'attentat à Beyrouth, selon le dernier bilan des autorités.
Selon l'Agence nationale d'information (ANI), l'explosion s'est produite à une heure de pointe (12H00 GMT) dans le quartier d'Achrafieh à 200 mètres d'un bureau des Kataëb (Phalanges), parti chrétien de l'opposition libanaise hostile au régime syrien de Bachar al-Assad.
Cet attentat survient alors que la guerre fait rage entre les rebelles et les troupes du régime de Bachar al-Assad en Syrie voisine.