La présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre, l'une des figures les plus importantes du Parti populaire (PP, droite) au pouvoir, cible favorite de la gauche et du mouvement des "indignés", a annoncé lundi sa démission surprise, secouant le monde politique en Espagne.
L'annonce d'Esperanza Aguirre, 60 ans, qui a évoqué des raisons personnelles et de santé, a provoqué une avalanche de réactions saluant cette femme de caractère connue pour ses convictions libérales et ses déclarations à l'emporte-pièce au cours de sa carrière politique de plus de 30 ans.
"Vous savez que j'ai une maladie grave, dont je suis censée être guérie, j'ai un contrôle le 25" septembre, a-t-elle déclaré très émue, au cours d'une conférence de presse.
Esperanza Aguirre, à la tête de la région de Madrid depuis 2003, avait été opérée en février 2011 d'un cancer du sein.
Mais, a-t-elle pouruivi, "ce n'est pas seulement cela (qui explique ma démission). Les événements personnels que j'ai vécus ces dernières années, dont cette maladie, ont bien sûr eu une influence".
Figure-clé de la vie politique espagnole, Esperanza Aguirre, ancienne ministre de la Culture (1996-1999) et ex-présidente du Sénat, est aussi un élément essentiel du PP au pouvoir, dirigé par le chef du gouvernement Mariano Rajoy. Elle a longtemps fait figure d'opposante au sein du parti en n'apportant pas son soutien notamment à sa réélection à la tête du parti en 2008.
Mme Aguirre, qui a précisé avoir rencontré M. Rajoy lundi matin pour l'informer de sa décision, a indiqué qu'elle ne quittait pas totalement la vie politique mais se retirait seulement "de la première ligne".
M. Rajoy lui a témoigné dans un entretien "affectueux" sa "reconnaissance pour son parcours politique impressionnant", selon un communiqué.
Elle avait fait sensation en s'échappant en chemise de nuit et pieds nus de son hôtel en flammes pendant les attentats de Bombay en 2008.
Connue pour ses positions pro-libérales, anti-avortement, pro-corrida et ses déclarations choc, elle a encore récemment dû présenter des excuses après avoir affirmé qu'il fallait "tuer les architectes" à l'origine d'un bâtiment d'une mairie de la banlieue de Madrid qu'elle trouvait hideux.
Tandis que l'opposition socialiste lui a exprimé son "respect", le mouvement des "indignés", s'est lui réjoui de la démission de celle qui avait qualifié les "indignés" de "perroflautas", surnom péjoratif désignant de jeunes marginaux vivant dans la rue avec leur chien et jouant de la flûte.
"Après la nouvelle d'aujourd'hui, et des années d'illégitimité de cette dame, disons-lui au revoir comme elle le mérite, en lui portant un toast", affirmaient lundi des "indignés" qui ont appelé à un rassemblement à la Puerta del Sol, lieu emblématique de la création du mouvement né de leur exaspération face à la crise et à l'incapactié des politiques à en sortir.
Le vice-président de la région, Ignacio Gonzalez, remplacera Mme Aguirre le temps que soit organisé, d'ici à trois semaines, un vote au sein de l'assemblée générale, où le PP a la majorité absolue.
Deux régions espagnoles organisent, elles, des élections générales anticipées cet automne, le 21 octobre : la Galice et le Pays Basque.