Les Hongkongais ont commencé à voter dimanche matin pour renouveler le parlement, un scrutin sans suspense tant Pékin garde la haute main sur la politique du territoire semi-autonome, mais crucial pour les pro-démocrates qui bataillent afin d'imposer le suffrage universel.
Près de 3,5 millions d'électeurs peuvent voter, jusqu'à 22H30 locales (14H30 GMT). Les résultats ne sont pas attendus avant lundi.
Ce vote se déroule alors que la veille, le gouvernement a fait volte-face et renoncé à son projet controversé d'imposer des cours de patriotisme chinois obligatoires à l'école, cédant ainsi à la pression de la rue.
Pour la première fois depuis le retour de Hong Kong à la Chine en 1997, plus de la moitié des membres du conseil législatif, désigné pour quatre ans, est élue au suffrage direct. Les autres membres sont désignés par un double système de grands électeurs - majoritairement favorables à Pékin.
Le conseil législatif hongkongais va voir le nombre de ses représentants porté à 70, soit dix de plus qu'en 2008. Quarante sont soumis au suffrage direct.
Il y a quatre ans, l'opposition démocrate, qui réunit notamment le Parti démocratique et le Parti civique, avait remporté 19 des 30 sièges soumis au suffrage direct.
L'enjeu pour les démocrates est, au minimum, de maintenir le rapport de force afin de peser de tout leur poids sur la Chine pour qu'elle tienne son engagement d'instaurer au prochain scrutin le suffrage universel direct: en 2017 pour le poste de chef de l'exécutif et d'ici 2020 pour le parlement.
"Si les pan-démocrates sont capables de rassembler la moitié des 70 sièges, ils auront le soutien nécessaire pour permettre l'avènement du suffrage universel en 2017", estime ainsi le politologue hongkongais Willy Lam.
Si en revanche ils font moins bien, ils ne pourront empêcher que "l'establishment" pro-chinois "impose des lois anti-démocratiques", prévient-il.
Depuis sa rétrocession par la Grande-Bretagne à la Chine en 1997, Hong Kong a le statut de Région administrative spéciale (RAS) et bénéficie en principe d'une large autonomie en vertu du modèle "un pays, deux systèmes".
Ses habitants jouissent d'une liberté de parole inconnue sur le continent mais Pékin contrôle largement en réalité la vie politique locale.
Les démocrates ont vu avec inquiétude l'élection en mars du nouveau chef de l'exécutif hongkongais, Leung Chun-ying, désigné par un collège de 1.200 grands électeurs majoritairement acquis à Pékin, craignant de nouveaux coups de canif dans l'accord de rétrocession.
A la veille de ces élections, le gouvernement de Hong Kong a annoncé qu'il renonçait à imposer des cours de patriotisme chinois obligatoires à l'école.
Il a amendé son projet de loi, ce qui signifie que "nous donnons autorité aux écoles de décider quand et comment elles souhaitent introduire des cours de morale et d'instruction civique", a déclaré le chef de l'exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying.
Vendredi, une manifestation avait réuni 100.000 personnes contre ce projet devant le siège du gouvernement. Pendant l'été, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à plusieurs reprises pour dénoncer ce qu'ils considéraient comme une tentative de lavage de cerveau des enfants avec la propagande chinoise.
Et 400.000 manifestants avaient défilé fin juin à l'occasion de la visite dans la mégapole du président chinois, Hu Jintao. Ce dernier avait alors assuré du soutien "inébranlable" de la Chine au statut particulier de Hong Kong.