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Damas confirme la défection de son ambassadeur en Irak et le limoge

L'ambassadeur syrien en Irak, Nawaf Farès, sur une vidéo d'Al-Jazeera le 12 juillet 2012[Al Jazeera/AFP]

La Syrie a annoncé jeudi avoir "limogé" le premier ambassadeur en poste à avoir fait défection alors que la violence continue son oeuvre meurtrière avec le décès de huit personnes.

De son côté, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a fait part de ses soupçons quant à l'utilisation par les forces loyales au président Bachar al-Assad de bombes à sous-munitions de fabrication soviétique dans la région montagneuse de Hama, en rébellion contre le régime.

A Damas, un communiqué du ministère syrien des Affaires Etrangères a annoncé que " est démis de ses fonctions et n'a plus aucune relation avec notre ambassade à Bagdad, ni avec le ministère".

En outre, les autorités syriennes ont menacé de le traduire en justice pour ses propos.

"Nawaf Farès a fait hier (mercredi) des déclarations aux médias en contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et la cause de son pays. Il doit pour cela être poursuivi par la justice et être traduit devant le conseil disciplinaire", ajoute le communiqué.

M. Farès avait appelé mercredi l'armée à "rejoindre immédiatement les rangs de la révolution", après avoir fait défection, dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision du Qatar Al Jazeera.

Selon Bagdad, il se trouve actuellement dans cet émirat particulièrement en pointe dans son hostilité au régime de Bachar al-Assad.

"Je déclare ma défection de ma mission en tant que représentant de la République Arabe Syrienne en Irak et mon retrait des rangs du parti Baas (au pouvoir en Syrie)", disait l'ambassadeur dans un message vidéo diffusé par la télévision.

Sa défection porte un nouveau coup au régime syrien, quelques jours après celle de Manaf Tlass, un général proche du président Assad, dont le régime réprime dans le sang un mouvement de contestation né il y a près de 16 mois.

M. Farès avait été nommé à son poste le 16 septembre 2008, après une rupture des relations diplomatiques de près de trente ans lorsque Damas avait soutenu l'Iran dans sa guerre avec l'Irak.

Appartenant à la grande tribu sunnite des Ouqaydate, implantée dans l'est du pays, Nawaf Farès a commencé comme policier avant de travailler avec les redoutables services de renseignements puis de devenir l'un des chefs du parti Baas, gouverneur et enfin diplomate.

Ce parcours suscite la méfiance des militants, qui se sacrifient depuis 16 mois pour la révolution, et certains d'entre eux estiment qu'il peut s'agir d'une tentative des Occidentaux de sélectionner des personnalités acceptables pour diriger la transition.

"Je sais que cet homme est un criminel", a ainsi affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "C'est assez similaire à l'histoire de Manaf Tlass (...) les services de renseignements occidentaux cherchent à sélectionner des personnalités qui pourront être utilisées pour la période transitoire".

Une opinion partagée par un militant de Hama se présentant sous le nom d'Abou Ghazi. "Les gens sont très méfiants sur les motivations qui l'ont poussé à déserter. Peut-être qu'au moment où la Russie est en train de changer doucement, la communauté internationale et le régime cherchent à mettre sur pied un gouvernement consensuel et cette défection s'incrit dans ce scénario".

"Mais, ajoute-t-il, nous voulons vivre dans un démocratie et dans un Etat de droit et vous ne pouvez pas les construire avec des gens qui ont tant de sang sur les mains et ont été si longtemps complices du régime".

Par ailleurs, les troupes syriennes ont violemment bombardé le village de Treimsa, dans la province centrale de Hama, et la violence a causé la mort de huit personnes à travers le pays.

"Les forces du régime bombardent Treimsa avec des chars et des hélicoptères", affirme l'OSDH, tuant au moins une personne et en blessant plusieurs autres.

Au total, cinq civils et trois rebelles ont été tués à la mi-journée, selon cette organisation basée à Londres, qui fait état de la mort la veille de 37 civils, 34 soldats et 14 rebelles armés.

HRW a exprimé jeudi ses soupçons quant à l'utilisation par les forces du régime de bombes à sous-munitions de fabrication soviétique dans la région de Hama.

Selon l'organisation basée à New York, deux vidéos mises en ligne le 10 juillet montrent "les restes de bombes à sous-munitions et l'étui d'une bombe de fabrication soviétique trouvés apparemment à Jabal Shahshabu, un région montagneuse au nord-ouest de Hama".

Un militant local a affirmé à HWR que cette région avait été soumise à un bombardement nourri des forces et de l'aviation syriennes durant deux semaines. Selon lui, cette région montagneuse est un fief des rebelles qui ont trouvé refuge dans deux nombreuses grottes.

Enfin, l'armée turque a annoncé ne pas avoir trouvé de traces d'explosifs sur son avion de chasse que la Syrie a déclaré avoir abattu, provoquant une confusion et engendrant des questions jeudi dans la presse turque sur la façon dont s'est produit l'incident.

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