La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a décidé d'imposer des sanctions contre la junte militaire qui a pris le pouvoir à Bissau le 12 avril et "ne souhaite pas négocier", a annoncé lundi la Cédéao dans un communiqué.
"Après plus de douze heures de négociations" à Banjul entre les pays membres du "groupe de contact" de la Cédéao et "une seule personne, le général Antonio Indjai, chef d'état-major de l'armée de Guinée-Bissau et chef de la junte", il est "apparu évident" que ce dernier "ne souhaite pas négocier et préfère clairement affronter les conséquences" de sanctions, indique le communiqué.
"A la fin des discussions, aucun accord n'a été trouvé avec le commandement militaire (junte) et ses alliés", ajoute le texte qui souligne qu'en conséquence, "le rejet de la position du groupe de contact signifie l'imposition de sanctions" qui ont commencé "à minuit le 29 avril".
Le communiqué précise que le groupe de contact (sept pays d'Afrique de l'Ouest), qui s'est réuni à Banjul au niveau ministériel, rendra un rapport au président du groupe, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan.
Un sommet des chefs d'Etat du groupe de contact se réunira le 3 mai "pour prendre toutes les autres mesures nécessaires, y compris l'usage de la force pour faire appliquer les décisions du sommet", selon le texte.
En ouvrant la réunion de Banjul dimanche, le président gambien Yahya Jammeh avait affirmé que la patience de la Cédéao "s'épuise". "Nous sommes ici pour vous dire qu'en dernier ressort, soit vous choisissez un solution pacifique avec la Cédéao, soit la Cédéao prendra des mesures pour mettre un terme à ce qui s'est passé à Bissau", avait-il prévenu.
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, vit au rythme des coups d'Etat, tentatives de putsch et assassinats politiques sur fond de rivalités pour le contrôle du trafic de cocaïne.
Le 26 avril, les chefs d'Etat ouest-africains, réunis en sommet à Abidjan, avaient fixé un ultimatum de 72 heures aux putschistes pour qu'ils se plient à leurs décisions en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel, sous peine de sanctions individuelles mais aussi diplomatiques et économiques.
Le lendemain, la junte avait annoncé qu'elle acceptait les exigences de la Cédéao sur l'instauration d'une transition de douze mois et l'envoi d'une force militaire régionale.