Lydie Salvayre a reçu mercredi le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, pour "Pas pleurer", un roman sur la guerre d'Espagne, devançant les deux grands favoris, l'Algérien Kamel Daoud et le Français David Foenkinos, récompensé lui du prix Renaudot.
"Pas pleurer" (Seuil) a été choisi par les jurés au 5e tour, par 6 voix contre 4 au roman de Daoud, "Meursault contre-enquête". "Je suis très heureuse, je suis très émue", a dit Lydie Salvayre, les larmes aux yeux, en se faufilant dans la cohue des journalistes rassemblés au restaurant Drouant, dans le centre de Paris, où est traditionnellement décernée cette récompense.
"Je suis très heureuse que cela arrive, particulièrement en ce moment", a ajouté la lauréate née en 1948.Le roman de cette auteure française est hanté par la figure de l'écrivain Georges Bernanos et la voix de sa propre mère qui lui raconte au soir de sa vie l'insurrection libertaire de 1936 en Espagne.
"Pas pleurer" est aussi une histoire d'amour impossible entre deux jeunes gens issus de milieux sociaux et de clans républicains différents. "Nous avons d'abord couronné un roman d'une grande qualité littéraire, un livre à l'écriture très originale, même si je regrette qu'il y ait parfois trop d'espagnol", a souligné Bernard Pivot, président de l'Académie Goncourt. "Cette mère, qui ne se souvient de rien si ce n'est de cet été 36, c'est formidablement émouvant".
"Ceux qui ont défendu dans le jury Kamel Daoud, comme moi, sont ravis que ce soit finalement Lydie Salvayre", a déclaré pour sa part Pierre Assouline, membre du jury. "Si le lauréat avait été Daoud, cela aurait été plus historique, mais c'est son premier roman, il va écrire d'autres livres". En 2013, le Goncourt avait été attribué à "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre. La dernière lauréate du Goncourt a été Marie NDiaye en 2009.
David Foenkinos, 40 ans, l'autre grand favori du Goncourt, a obtenu le prix Renaudot, décerné dans la foulée, pour son roman "Charlotte", cri d'amour pour Charlotte Salomon, jeune artiste juive allemande assassinée à Auschwitz à 26 ans.
L'écrivain, qui a obtenu le prix au 6e tour par 5 voix contre 3 à Jean-Marc Parisis ("Les Inoubliables") et une à Kamel Daoud, fait revivre avec passion le destin tragique de cette jeune femme dans ce livre édité chez Gallimard. Le Renaudot des Essais a été décerné à Christian Authier, pour "De chez nous" (Stock).