Une vie vouée à l'aventure et à la recherche du passé douloureux de ses ancêtres. Tel est le destin de Kate Walker qui, dès 2002, s'était affichée comme l'une des femmes fortes du monde des jeux vidéo avec la série Syberia.
Œuvre posthume du regretté Benoît Sokal (1954-2021) - auteur de BD et pionnier du jeu vidéo en France -, Syberia The World Before est désormais disponible sur PC. Une aventure narrative qui s'affiche comme le 4e épisode de cette saga marquante pour de nombreux joueurs adeptes du point'n click et des énigmes. Surtout, les équipes du studio Microids se sont employées à développer un épisode alternant habilement entre la poésie des petits instants d'espoir et l'horreur du fascisme et de la guerre, en nous plongeant à travers deux époques différentes mais complémentaires.
Des précédents Syberia sortis en 2002, 2004 et 2017, nous avions retenu un univers dystopique touchant où son héroïne Kate Walker, une avocate new-yorkaise, s'était lancée dans une aventure qui l'amena à explorer les confins de la Sybérie pour résoudre un épais mystère. Si vous n'êtes pas un familier de cet univers, pas de panique, les auteurs de Syberia The World Before proposent en préambule une vidéo permettant de résumer les trois premiers épisodes et de saisir le sens de cette odyssée.
Ce 4e opus nous plonge quant à lui directement dans un 1937 parallèle dans la ville de Vaghen qui n'est pas sans rappeler Varsovie du temps de son ghetto en 1940. Dans les pas de la jeune Dana Roze (17 ans), qui offre un peu de poésie musicale à ses habitants, on découvre alors une face plus sombre, celle de l'Ombre Brune dont les vélléités fascisantes traumatisent une partie de la population. Très vite, le joueur se retrouve transposé en 2004, où une Kate Walker amaigrie par les travaux forcés dans une mine de la Taïga, cherche à se libérer de sa prison.
Le meilleur épisode de la saga
Construit en suivant ces deux époques et sous la forme d'une enquête pour que Kate comprenne à la fois ses origines et des secrets longtemps enfouis depuis l'époque de Dana, Syberia The World Before se révèle être le meilleur épisode de la saga.
La direction artistique est ici une réussite, portée par une ambiance qui rend un bel hommage à l'imagination de son défunt créateur Benoît Sokal. On peut également applaudir les partitions musicales orchestrées tantôt avec emphase, tantôt tout en subtilité. Microids, dont les récentes productions sont récemment montées en puissance (Alfred Hitchcock - Vertigo, Marsupilami : Le secret du sarcophage...), livre ici un jeu séduisant.
Si certains aspects techniques datés et des énigmes parfois trop classiques peuvent être relevées, il n'en demeure pas moins que Syberia The World Before est une réussite propre à plaire aux amateurs d'enquêtes, d'autant que la seconde partie du jeu prend un tournant inattendu. Une très agréable surprise.
Syberia The World Before, Microids, sur PC.