Dénonçant le coût des dégâts causés par les émeutes en Nouvelle-Calédonie et dans les Antilles, les assureurs ont décidé de limiter leurs offres dans ces territoires ultramarins.
Face aux violences urbaines qui secouent les territoires ultramarins, les assureurs battent en retraite. Dénonçant le coût trop élevé des émeutes à répétition en Nouvelle-Calédonie ou dans les Antilles, plusieurs compagnies d'assurance ont annoncé leur refus de prendre de nouveaux clients ou de réviser leurs contrats à destination des entreprises locales.
En septembre, la fédération professionnelle France Assureurs a estimé à un milliard d'euros le coût des dégradations causés par l'insurrection survenue en Nouvelle-Calédonie à partir de mai et durant plusieurs mois. De nouvelles émeutes ont ensuite éclaté en Martinique, où des dizaines de surfaces commerciales ont notamment été cambriolées, pillées ou incendiées.
Le 22 novembre, dans l'hebdomadaire spécialisé L'Argus de l'assurance, un cadre de Generali a été le premier à annoncer «suspendre la souscription» de nouveaux contrats pour les entreprises des Antilles. Il évoquait alors un coût de 20 millions d'euros lié aux émeutes du mois de septembre en Martinique.
Antilles : Allianz et Groupama ne couvriront plus le risque émeutes en entreprise > https://t.co/1Ttbj3drp3 pic.twitter.com/UPkHtV0WrK
— L'Argus de l'Assurance (@argusassurance) November 28, 2024
Depuis, les deux autres grands acteurs de l'assurance aux Antilles, Groupama et Allianz, ont également décidé de limiter leurs offres en Martinique et en Guadeloupe. Selon Céline Rose, présidente de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Martinique, cela tient au fait que les émeutes ne sont désormais «plus un risque, mais un fait».
Auprès de l'AFP, Allianz explique effectivement avoir «exclu» le risque d'émeutes de ses contrats entreprise «compte tenu de [sa] fréquence et de [sa] sévérité» dans certains territoires ultramarins.
Concrètement, cela signifie que les dégâts liés à des violences urbaines ou des troubles civils ne seront plus indemnisés par les assurances. Dans les territoires concernés, les représentants patronaux alertent sur le fait qu'il devient alors difficile, voire impossible, de convaincre une banque de financer un projet.
L'Etat tenu pour responsable
«Les difficultés à être assuré hypothèquent les conditions de la reconstruction en Nouvelle-Calédonie, compliquent les enjeux de réparation en Martinique et sont de nature à causer des difficultés pour les entreprises elles-même», explique ainsi Hervé Mariton, président de la Fédération des entreprises d'outre-mer (Fedom).
Mais, pour les assureurs, il en va de la responsabilité de l'Etat qui a, selon eux, failli dans sa mission de maintien de l'ordre. Generali a d'ailleurs annoncé en octobre le dépôt d'un recours au civil contre l'Etat afin d'obtenir un remboursement des sommes versées aux assurés touchés par les émeutes en Nouvelle-Calédonie.
Du côté des entrepreneurs ultramarins, certains plaident pour la création d'un dispositif d'indemnisation du risque d'émeutes sur le même modèle que le dispositif «Catastrophe naturelle» via la Caisse centrale de réassurance (CCR). Cette entité publique est chargée d'assurer les assureurs quand les dommages causés par une catastriphe naturelle dépassent un certain niveau.
Dans ce contexte, la CPME, elle, prévoyait d'envoyer un courrier aux ministères concernés afin de demander à l'Etat d'«assumer sa part». L'instabilité politique actuelle a toutefois reporté le projet. Le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, a malgré tout dit suivre le dossier «avec attention», affirmant à l'AFP qu'il est «indispensable que nos entreprises ultramarines conservent des couvertures correctes et soutenables».