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Service national universel : malgré les votes au Parlement, le gouvernement «ne souhaite pas le supprimer»

Le SNU est un dispositif expérimental qui devait être généralisé en 2026. [© SEBASTIEN BOZON / AFP]

Le Premier ministre Michel Barnier «ne souhaite pas supprimer le service national universel», a déclaré ce jeudi 31 octobre la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, au lendemain d'un double vote en commission de l'Assemblée et du Sénat visant à faire disparaître ce dispositif expérimental voulu par Emmanuel Macron.

Le Service national universel (SNU), cher à Emmanuel Macron, pourrait-il disparaître? Le gouvernement a assuré ce jeudi vouloir poursuivre son expérimentation à défaut de la généraliser comme prévu, au lendemain de sa suppression pure et simple en commission à l'Assemblée et au Sénat. 

Pour rappel, les deux chambres du Parlement ont voté simultanément mercredi dans leurs commissions des Finances respectives la suppression du SNU dans le budget de l'État, s'accordant, malgré des majorités différentes, sur sa disparition. 

Un projet sans soutien

«Il est temps d’abandonner» ce «gadget présidentiel» qui «ne marche pas» et «coûte cher», a jugé le député écologiste Jean-Claude Raux, rejoint par le socialiste Pierrick Courbon pour qui cette «hérésie budgétaire» a «raté sa cible». 

«Après cinq ans d'expérimentation, il n'apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante (...) pour justifier la poursuite de son déploiement», a estimé de son côté le sénateur socialiste Éric Jeansannetas dans son rapport présenté mercredi en commission.

Le ministre des Sports et de la Jeunesse Gil Avérous lui-même avait reconnu mercredi devant le Sénat le peu de succès rencontré par le SNU. 

Ce dispositif, lancé en 2019 par Emmanuel Macron qui en avait personnellement défendu les principes pendant sa campagne, a été repris par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal. Il avait promis de le généraliser en 2026 aux 15-17 ans. 

Le SNU comporte une «mission d'intérêt général» et un «séjour de cohésion» comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la «levée des couleurs» (drapeau et hymne national) et port de l'uniforme. 

Des objectifs non-atteints

Mais si l'objectif initial était d'attirer 66.000 volontaires en 2025 (après 80.000 en 2024), seuls 35.700 jeunes s'étaient inscrits dans l'immédiat, a rapporté Gil Avérous. Et les crédits alloués par le gouvernement sont passés de 130 à 80 millions d'euros en raison du coup de rabot budgétaire. 

Maud Bregeon a de fait admis qu'il y avait «nécessité de réinterroger le dispositif tel qu'il est conçu aujourd’hui», mais sans pour autant interrompre l'expérimentation dont les participants se disent très satisfaits, selon elle. 

Interrogé, l'entourage d'Emmanuel Macron a temporisé, en renvoyant à la position officielle du gouvernement «qui dit qu'il maintient les crédits et va évaluer» le dispositif.

«Que les parlementaires votent cette suppression en commission, c'est quand même un signal plutôt encourageant pour la suppression du SNU, on sent bien que les lignes bougent à ce sujet», s'est réjoui de son côté jeudi Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré. 

Comme les autres syndicats de l'Éducation, elle réclame la réaffectation des crédits pour l'école, alors que 4.000 suppressions de postes d'enseignants sont prévues. Les causes du désamour pour le SNU ont plusieurs origines, le coût n'étant pas le moindre en période de disette budgétaire. 

Selon la Cour des comptes, dans un rapport publié en septembre, si le dispositif venait à être généralisé à une classe d'âge (environ 850.000 jeunes par an), son coût pourrait représenter entre 3,5 et 5 milliards d'euros. 

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