Cinq ans après son lancement, le Service national universel (SNU) fait l'objet d'un bilan sévère de la Cour de comptes. Peu lisible, mal piloté et sans horizon clair, le dispositif devra faire l’objet d’une «clarification» rapide, insiste la juridiction.
Le SNU peinerait-il à remplir ses objectifs ? C'est ce qu'a conclu la Cour des Comptes dans son rapport délivré vendredi 13 septembre.
Lancé en 2019, le Service national universel avait l'objectif de devenir à terme obligatoire pour toute une classe d'âge (environ 800.000 jeunes par an).
Dédié aux 15-17 ans, le SNU comporte une «mission d'intérêt général» et un «séjour de cohésion» rythmé par des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées débutant par la «levée des couleurs» (drapeau et hymne national) et le port de l'uniforme.
Un échec sur le plan social
Le premier échec pointé est l'absence de pluralité des profils. S'il était déstiné à favoriser la «cohésion sociale», en accueillant des jeunes issus de plusieurs horizons, le Service national universel n'attire que des jeunes déjà initiés au cadre militaire.
«Ce sont plutôt des fils de militaires, de gendarmes et de pompiers qui rejoignent ce dispositif, puisque pour eux ça a du sens», analyse le général Bruno Clermont.
«Le volontariat ne permet pas de toucher ceux que l'on voulait toucher», a-t-il déploré. Le général fait allusion aux 15-17 ans issus de quartiers populaires.
Un côut de 3,5 à 5 milliards d'euros ?
Sur le plan économique, la Cour des comptes a estimé le coût actuel du SNU à 2 milliards d'euros, précisant qu'il pourrait s'élever entre 3,5 et 5 milliards d'euros s'il se généralise, comme l'avait souhaité Emmanuel Macron il y a plusieurs mois.
A ce chiffre, s'ajoute 6 milliards d'euros d'investissements, dédiés à la construction de centres, «sans compter les coûts supportés par les collectivités territoriales» qui n'ont pu être chiffrés, rapporte la Cour des comptes.
«On est dans des ordres de grandeur qui dépassent les 10 milliards d'euros», a commenté Pierre Moscovici, son premier président, lors d'une conférence de presse.
Pour le général Bruno Clermont, le dysfonctionnement du SNU résulte du fait qu'il soit piloté par deux ministères, celui des Armées et celui de l'Éducation national.
«Ce dispositif est co-piloté. Quand vous mettez deux pilotes dans un avion, ça ne fonctionne pas. Soit c'est le début d'un service militaire, soit c'est le début d'un service civique», a-t-il estimé.