L'Insee doit donner sa première estimation de la croissance française au troisième trimestre ce mercredi 30 octobre. Si un «effet JO» est attendu, les prochaines semaines s'annoncent, à l'inverse, plus fragiles.
Un chiffre très observé dans des débats accaparés par le budget. Après avoir enregistré +0,3% et +0,2% au deux premiers trimestres, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) doit révéler sa première estimation de la croissance française au troisième trimestre ce mercredi 30 octobre. Les économistes s'attendent à un «effet JO» dopant mais de courte durée.
Tout d'abord, l'Insee et la Banque de France tablent en effet sur une croissance à 0,4% cet été par rapport au printemps, pour un total annuel de 1,1%. Ce troisième trimestre serait donc plutôt positif, avec un effet Jeux olympiques et paralympiques (JOP) à hauteur d'environ 0,2 point.
Interrogée par l'AFP, Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, explique que pour ce troisième trimestre «la grande interrogation c'est la consommation des ménages», qui représente plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB).
Le quatrième trimestre s'annonce plus difficile
La croissance pourrait avoir été relancée par la forte baisse de l'inflation, tombée à 1,1% en septembre sur un an, en dessous des 2% fixés comme cible par la Banque centrale européenne (BCE).
Sachant que l'institution n'a commencé à abaisser ses taux d'intérêt qu'en juin, les chiffres estivaux ne devraient pas encore traduire de reprise des achats immobiliers. L'investissement des entreprises, lui, est «en souffrance» selon l'Insee, notamment en raison de «l'incertitude politique» de l'été, qui a paralysé les décisions de nombreux patrons.
Mais si le troisième trimestre peut compter sur un effet JOP, la fin d'année, voire le début 2025, pourraient être bien plus moroses. Selon l'Insee, la croissance ralentira mécaniquement au quatrième trimestre et sera même nulle.
En octobre 2024, le climat des affaires en France se repliehttps://t.co/oJyFmrmvZg
— Insee (@InseeFr) October 24, 2024
Les enquêtes de confiance montrent déjà un mauvais début du quatrième trimestre, avec un climat des affaires en repli en octobre à cause «d'une baisse importante du climat dans l'industrie».
Selon l'indice PMI Flash, publié jeudi par l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB), l'activité du secteur privé est en outre tombée à son plus bas niveau depuis neuf mois. En octobre, le moral économique des ménages s'est lui aussi replié pour la première fois depuis avril.
Le gouvernement mise sur la «désépargne»
Charlotte Montpellier n'envisage pas de «rebond» de croissance avant la seconde moitié de 2025. Elle met en avant «la question géopolitique» qui, selon elle, «va rester en avant-plan ces prochains mois» et pronostique un probable «regain de craintes» en cas de victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine.
L'économiste attend une croissance de 0,7% ou 0,6% au total l'an prochain, alors même que le gouvernement mise sur 1,1%, comme pour cette année. Le ministre de l'Economie, Antoine Armand, a dit compter notamment sur «la désépargne» des ménages pour relancer la consommation.
Ces différentes prédictions interviennent alors que les agences de notation surveillent attentivement la France. Fitch et Moody's, cette dernière venant de placer le pays sous perspective négative, a d'ailleurs menacé de dégrader la note française. Si la situation ne s'améliore pas, cela pourrait conduire à une hausse supplémentaire du coût de la dette.