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Guadeloupe : malgré le rétablissement de l'électricité, la préfecture reconduit un couvre-feu nocturne partiel

A 17h samedi, l’électricité avait été rétablie chez «178.200 clients», soit 77% des personnes touchées, selon EDF. [© BRIAN NOCANDY/AFP]

Le couvre-feu mis en place par la préfecture de Guadeloupe «dans certains secteurs» de l'île, a été reconduit ce dimanche en fin d'après-midi. Mais, instauré en réponse aux violences urbaines qui ont suivi la coupure généralisée d’électricité, le couvre-feu ne concerne désormais que certaines communes.

Une partie de la Guadeloupe a passé, samedi 26 octobre, sa deuxième nuit d’affilée sous couvre-feu. Ce dimanche, celui qui a été mis en place «dans certains secteurs» de l'île a été levé par la préfecture à 5h00 du matin, heure locale (10h00, heure de Paris). Avant d'être finalement reconduit pour certaines communes. Ce dernier avait été instauré en réponse aux violences urbaines survenues à la suite d’une coupure généralisée d’électricité, désormais rétablie.

La reconduction de cette mesure dans certaines communes de 22H00 à 05H00 vise à «prévenir le risque de nouveaux troubles à l'ordre public» bien que «le nombre et l'intensité des faits de violences urbaines» ont «diminué» dans la nuit de samedi à dimanche «par rapport à la nuit précédente», a souligné le préfet dans un communiqué. 

L'électricité rétablie partout en Guadeloupe

«A minuit (heure locale), les équipes d'EDF ont réalimenté la totalité des clients du territoire de la Guadeloupe (soit 230.000 clients)», a annoncé dimanche le fournisseur d'énergie. «Les équipes d'EDF poursuivent les actions de sécurisation du réseau électrique», a-t-il précisé dans son communiqué. 

Un quart des foyers était encore privé de courant samedi soir. «La réalimentation électrique des foyers se fait de manière très progressive pour assurer la stabilité du réseau électrique», avait expliqué EDF, appelant les usagers à faire preuve de «sobriété énergétique» pour ne pas surcharger le réseau. La préfecture avait dit espérer un «retour à la normale (...) durant le weekend». 

Afin de «prévenir le risque de troubles à l’ordre public» après les «violences urbaines inacceptables» qui ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, le préfet avait annoncé dans un communiqué la mise en place d'un couvre-feu, imposé de 22h à 5h (3h à 10h, heure de Paris) sur une dizaine de communes.

pillages et dégradations

A 17h samedi, l’électricité avait été rétablie chez «178.200 clients», soit 77% des personnes touchées, selon EDF. La société, via sa filiale EDF-PEI, a déposé une plainte contre X vendredi, pour «mise en danger d’autrui», au commissariat de Pointe-à-Pitre, a-t-elle fait savoir.

Le «couvre-feu général» imposé vendredi par le préfet sur l’ensemble du territoire n’a pas empêché les pillages et les dégradations, notamment à Pointe-à-Pitre. Dans le chef-lieu de la Guadeloupe, onze boutiques ont été vandalisées dont un supermarché, une banque et trois bijouteries «attaquées au tractopelle», selon la vice-procureure de la République Alexandra Onfray.

Sur place, la police a essuyé des tirs à balles réelles. Deux personnes ont été arrêtées, selon la même source. Alors qu’un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI), le préfet Xavier Lefort a accusé, peu après la coupure, «des salariés grévistes» de la centrale de Jarry qui «se sont introduits dans la salle des commandes» et ont «provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs».

groupes électrogènes au CHU

Les gendarmes sont intervenus pour «sécuriser la salle des commandes», a expliqué le préfet qui a ensuite réquisitionné des salariés. Dans un communiqué publié samedi soir, la Fédération de l’Energie de la CGTG (FE-CGTG) a affirmé que «ses appels à la grève sont toujours dans l’observation du plan croix rouge (fourniture nécessaire à l’alimentation de toutes les lignes prioritaires) en lien avec la Préfecture».

Grâce à ses groupes électrogènes, le CHU (Centre hospitalier universitaire) de Guadeloupe a continué son activité mais a dit avoir accueilli «en urgence trois familles» pour intoxication au monoxyde de carbone, dont un nourrisson de 10 mois «pris en charge en réanimation». Les critiques et les réactions outragées à ce «black-out» se sont multipliées. L’Union des entreprises de Guadeloupe, représentant du Medef sur le territoire, a dénoncé un «acte criminel», ajoutant que «les plus petites entreprises paieront le plus lourd tribut avec des pertes de stocks et de matériels».

Le président de la région Ary Chalus a dénoncé «l’irresponsabilité des actes qui ont gravement mis en péril la santé des Guadeloupéens et l’économie du pays», tout en déplorant «les séquences qui ont conduit à cet épisode désastreux».

Des grévistes de la centrale avaient indiqué vendredi à l’AFP avoir procédé à la coupure des moteurs «après la convocation par la direction d’un de (leurs) chefs, peut-être en vue d’un licenciement». Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en œuvre d’un accord signé début 2023, après deux mois de grève pour réclamer une mise en conformité des contrats et rémunérations avec le droit du travail. Il avait, depuis, provoqué des coupures d’électricité affectant jusqu’à 100.000 foyers.

Lundi 21 octobre, la direction d’EDF-PEI avait proposé la signature d’un accord que la fédération de l’énergie de la CGT-Guadeloupe a refusé, un dernier point d’achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.

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