Depuis plusieurs semaines, ministres et parlementaires s’attellent à dénoncer le trafic de drogue, responsable de plusieurs affaires qui ont fait l’actualité. Pour appuyer leurs propos, les politiques n’hésitent pas à utiliser certains termes, allant jusqu’à comparer la situation en France à celle semblable dans certains pays d’Amérique latine.
Un vocabulaire appuyé pour combattre un fléau. La lutte contre le trafic de drogue n’a jamais autant animé la classe politique. Après les «opérations place nette», mises en place par Gérald Darmanin, le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fait de ce combat contre les trafiquants une priorité.
Que ce soit lors de ses prises de parole ou bien lors d’échanges avec des parlementaires, certains mots utilisés tendent à mettre en lumière ces trafics qui gangrènent certains quartiers de France.
Narcoterrorisme
«Nous devons combattre le narcoterrorisme avec les mêmes armes que celles que nous avons utilisé contre le terrorisme pendant dix ans». Le 15 octobre dernier, Bruno Retailleau répondait par ces mots au député RN Romain Baubry.
Interpellé par l’élu sur l’attaque du commissariat de Cavaillon (Vaucluse) quelques jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur a utilisé le mot de «narcoterrorisme» pour qualifier la mission qu’il comptait mener à bien pour «rétablir l’ordre» dans certains territoires.
Dans le détail, le «narcoterrorisme» désigne les tentatives effectuées par des trafiquants de drogue pour intimider les politiques, et la société civile, par l’action d’actes violents.
A titre de comparaison, selon des sources policières, l’attaque du commissariat de Cavaillon n’était que la résultante de la lutte acharnée des forces de l’ordre contre le trafic de drogue.
Une situation qui n’est pas isolée. Dans la nuit du 3 au 4 avril dernier, quatre voitures de la brigade spécialisée de terrain ont été incendiées devant le commissariat de la cité Félix-Pyat, dans le 3e arrondissement de Marseille. Selon le porte-parole d’Alliance, Rudy Manna, cette attaque a été perpétrée en guise de «représailles».
Les représailles annoncées sont arrivées.
La BST 3 fait place nette depuis plusieurs jours sur Félix Pyat (saisies, interpellations)
Les dealers sont à bout.
Les méthodes mafieuses sont en marche (4 VL brulés)
Soutien à cesde la BST3 courageux et volontaires mais épuisés.. pic.twitter.com/AmDyGT08TO— Rudy Manna (@RudyManna2) April 4, 2024
Cartellisation
Une allusion à l’Amérique latine. Lors d’un déplacement dans un commissariat de Nanterre (Hauts-de-Seine), Bruno Retailleau a expliqué ne pas vouloir «que la France soit sur la chemin de la cartellisation».
Bruno Retailleau : «Je considère que le narco-banditisme doit être envisagé comme une cause pour un combat national. [...] Je ne veux pas que la France soit sur la voie de la cartellisation. [...] Un joint, il a le gout du sang et des larmes.» #Punchline pic.twitter.com/cKJcsPVWaU
— CNEWS (@CNEWS) October 15, 2024
Par ces mots, le ministre de l’Intérieur a fait référence aux «cartels» de la drogue. Des organisations criminelles qui pullulent dans la plupart des pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et au Mexique.
Le locataire de Beauvau fait notamment allusion aux affrontements qui se multiplient à Marseille, entre la «DZ Mafia» et «Yoda», deux bandes gérées comme des mafias, voire des cartels, qui dirigent le trafic de drogue dans la cité phocéenne.
Mexicanisation
Lors d’un entretien accordé à Franceinfo le 9 octobre dernier, le maire de Cannes David Lisnard a pointé du doigt «une espèce de mexicanisation de la délinquance liée à la drogue et aux armes».
Une intervention qui fait suite au meurtre d’un chauffeur de VTC, le 4 octobre dernier, à Marseille (Bouches-du-Rhône), victime collatérale des violences liées aux trafics de stupéfiants, tué par un adolescent de 14 ans, recruté depuis la prison d’Aix-Luynes.
Une méthode connue notamment au Mexique, qui explique le terme «mexicanisation», où les «sicarios» (tueurs à gages en français, ndlr) prolifèrent, et souvent très jeunes.