Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mise sur des partenariats noués avec des pays tiers afin d'y accueillir dans des centres des migrants illégaux évacués depuis la France.
Une nouvelle idée qui devrait faire débat pour lutter contre l’immigration illégale en France. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a évoqué un nouveau dispositif visant à lutter contre l’immigration illégale, lors de son premier discours aux préfets le 8 octobre dernier.
Cette proposition s’axe sur des accords noués avec des pays tiers pour que ces derniers recueillent sur leur territoire des étrangers en situation illégale ou présentant un risque pour la population française, à condition que les personnes ciblées aient déjà transité ou séjourné dans ce pays d’accueil.
«Plusieurs accords sont déjà en cours de négociation par la Direction générale des étrangers en France et doivent être finalisés, qui concernent notamment le Rwanda, le Burundi, le Kazakhstan, l’Irak ou l’Egypte», détaille l’ancien chef de file LR au Sénat.
Qui sont les migrants ciblés par cette mesure ?
D’après une information de l’Opinion confirmée par CNEWS, cette idée vise en particulier les départs forcés, à savoir les étrangers ne présentant pas de titre de séjour, ains que ceux déboutés du droit d’asile ou encore ceux présentant un risque de dangerosité accrue.
A cette liste s’ajoutent les migrants dont le pays d’origine ne donne pas le laissez-passer consulaire ou aux ressortissants d'un pays n’ayant pas la moindre relation diplomatique avec la France.
D’après les chiffres officiels, près de 140.000 décisions de retour sont prononcées chaque année en France, visant principalement des ressortissants africains, afghans et syriens, avec un faible taux d’exécution constaté.
Une différence notable avec la politique de l’Italie et du Royaume-Uni
A l’inverse de l’Italie ou du Royaume-Uni, cette mesure cible exclusivement les départs forcés alors qu’elle s’attaque à la problématique des arrivées massives de migrants chez nos voisins transalpins et britanniques.
L’accord conclu entre l’Italie et l’Albanie permet ainsi de recueillir sur le sol albanais des hommes interceptés ou secourus par les garde-côtes italiens avant qu’ils ne rejoignent l’Italie. Dans la même veine, un accord annoncé en avril 2022 entre le Royaume-Uni et le Rwanda devait permettre au pays africain concerné d’accueillir les étrangers tentant d’arriver «illégalement ou par des moyens dangereux» sur le sol britannique.
Quelles sont les contreparties demandées par les pays tiers ?
D’après l’Opinion, les contreparties demandées par les pays tiers acceptant ce marché ne sont pas directement financières. Le gain est plutôt diplomatique, commercial ou même lié à l’attractivité du travail, avec par exemple une facilitation de l’obtention des visas de travail pour ses ressortissants.
Il est important de noter que la France a déjà noué une trentaine de ces accords bilatéraux depuis plus de deux décennies avec des pays situés dans les Balkans, l’Amérique centrale ou l’Asie du Sud-Est. Ces accords ont moins attiré l’attention du grand public car ils représentaient un enjeu géopolitique moindre comparé à certains pays évoqués aujourd’hui, que ce soit au Proche-Orient ou en Asie centrale.