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Affaire Lina : comment la voiture utilisée par Samuel Gonin a-t-elle fourni des détails sur la disparition et la découverte du corps de l'adolescente ?

Le corps sans vie de Lina a été retrouvé ce mercredi 16 octobre dans la Nièvre. [FREDERICK FLORIN / AFP]

Le parquet de Strasbourg a annoncé, ce mercredi 16 octobre, dans un communiqué de presse la découverte du corps sans vie de Lina dans un cours d'eau dans la région de Nevers. La voiture volée, utilisée par Samuel Gonin, avait été localisée dans cet endroit le 24 septembre dernier, soit au lendemain de la disparition de l'adolescente.

Un drame. Le corps sans vie de Lina, adolescente de 15 ans portée disparue depuis le 23 septembre, a été retrouvé ce mercredi 16 octobre par les gendarmes dans la région de Nevers, dans la Nièvre. 

Dans son communiqué, le parquet de Strasbourg a indiqué que «le corps de l’adolescente «était immergé dans un cours d’eau situé en contrebas d’un talus», précisant que «le véhicule Ford Puma utilisé par Samuel Gonin, le principal suspect, avait été géolocalisé à cet endroit le 24 septembre, soit le lendemain de la disparition de Lina».

C'est également dans cette voiture que le profil génétique de Lina avait été identifié en juillet 2024. Aussi, lors d’une conférence de presse organisée le 19 septembre dernier, le procureur de la République, Alexandre Chevrier, avait révélé que des affaires appartenant à Lina ont été retrouvées dans un sac à main présent dans la boîte à gants de ce même véhicule. Surtout, le procureur de la République avait fait savoir que dans le coffre de la voiture se trouvaient «deux cordes». Sur l’une d’elles, les enquêteurs avaient identifié le profil génétique de l’adolescente et celui de Samuel Gonin.

Si cette voiture en question, une Ford Puma, a intéressé les gendarmes depuis des mois, ce n’est pas le fruit du hasard. «Il y a eu des témoignages sur un type de véhicule, pas très gros et de couleur indéfinie. On savait que c’était une voiture de moyenne gamme ou petite gamme comme une Clio ou une Mégane», indique François Daoust, ancien directeur de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN), à CNEWS.

Les témoignages avaient ensuite été confrontés aux images de vidéosurveillance qui existent «dans la vallée, près des étangs, des autoroutes et du tunnel du Schirmeck notamment», précise le général. 

«Le GPS carte SIM borne comme un téléphone»

«Dès qu'il y a un véhicule suspect, on le voit dès le début de l'enquête. Les enquêteurs sollicitent par la suite les techniciens de l’identification criminelle ainsi que les spécialistes de l’IRCGN pour faire des prélèvements à l’intérieur des véhicules», a-t-il ajouté.

À la suite de l’analyse des images vidéo, qui peut nécessiter des heures de travail, les enquêteurs procèdent au tri des véhicules. Il s’agit, en d’autres termes, de «la collecte, dès que l’image le permet, de numéros d’immatriculation permettant l'identification de la voiture».

À cela s’ajoute un deuxième élément d’investigation auquel se sont interessés les enquêteurs : le «bornage». En effet, les véhicules, selon leur type, comportent deux sortes de GPS : un «satellitaire» et un carte SIM.

«Le GPS carte SIM borne comme un téléphone. On pourrait croire que c’est un appareil téléphonique alors qu’il s’agit d’une voiture. Ainsi, un travail d’expert et de fourmi est réalisé afin de faire le tri entre les téléphones, bien que ces derniers puissent avoir aussi un intérêt», explique François Daoust, précisant qu’à l’issue de ce tri, «on vérifie et identifie à qui cela appartient».

Selon lui, «ceux qui appartiennent à des véhicules sont tout aussi importants que ceux des téléphones. On ne se contente pas de la journée de la disparition de la victime. La vérification et l’identification s’effectuent sur une semaine en amont, et au moins une semaine en aval». Cela s'explique par le fait que les enquêteurs se penchent notamment sur les habitudes des automobilistes et s'ils se trouvaient dans la zone par hasard. 

Parmi ces analyses, figurait le véhicule en question. Dans un premier temps, les enquêteurs ont cherché à comprendre comment la voiture a-t-elle pu se retrouver dans le sud de la France et les raisons de son passage par Plaine le jour de la disparition de Lina. «La voiture en question a été déclarée volée. On pourra vérifier son propriétaire, comment il a été volé et dans quelles circonstances», détaille le général François Daoust.

De son côté, le plateau d’investigation véhicules (PIV) du pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN) a poursuivi, ensuite, ses investigations sur ce véhicule retrouvé. Bien qu'il ne se concentre pas sur «l'intérieur du véhicuIe», il a pu «donner l’historique du celui-ci ainsi que tout ce que l’on peut connaître de renseignement et d’enquête administrative autour de lui».

La voiture placée dans un laboratoire et analysée 

À travers son intervention, le PIV a participé à faire «la vie administrative» du véhicule. Le véhicule est ensuite envoyé à l’IRCGN de Pontoise. «Le plateau d'investigation véhicules, c'est une mise à savoir en commun des experts du département de véhicules de l'IRCGN et des spécialistes des fichiers et des enquêtes nationales du service central de renseignement criminel».

Placé dans un laboratoire, le véhicule a subi des opérations des polices techniques et scientifiques à l’intérieur et à l’extérieur du véhicule. «On a des spécialistes de la biologie pour l’ADN, des spécialistes des empreintes digitales, des spécialistes de la micro-analyse pour les fibres, les poussières et les traces de terre» sur le tapis de sol, note le général François Daoust.

La micro-analyse est importante dans ce type d'affaire. En effet, la composition en chimie minérale, dévoilée lors des analyses du sol, a une typicité donnant un secteur très précis de recherches dans une région quelconque. Ce sont ces recherches qui ont conduit les gendarmes à reprendre les fouilles dans cette zone, jusqu'à découvrir le corps sans vie de l'adolescente. 

À leur tour, les analyses biologiques ont permis d’identifier l’ADN de Lina et de l’homme ayant volé le véhicule. «On découvre cela avec quelque chose qui est quasi finalisé. Ce sont des opérations et une vie de l’enquête qui duraient depuis plusieurs mois autour de la recherche de ce véhicule. Les analyses ont montré beaucoup de choses. Nous sommes à un tournant particulier de l’enquête, c’est-à-dire qu’on a trouvé quelque chose pour raccrocher la disparue à un élément matériel majeur qui est le véhicule», confie l’ancien directeur de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN).

À tout cela s'ajoute l'importance de l'électronique du véhicule dans le retraçage de ses derniers parcours. «Avec le département véhicule de l’IRCGN, le plateau d’investigations de véhicule et les données numériques liées au bornage GPS, refont le parcours du véhicule avant la disparition de Lina, au moment de sa disparition et après sa disparition», explicite François Daoust.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les gendarmes s'étaient concentrés aussi sur une zone en particulier pour les recherches. Il s'agit du résultat de la reconstruction à la vie admnistrative et à la géolocalisation de tous les bornages et des GPS, permettant d'en savoir plus sur le parcours du véhicule et ses stationnements dans certains endroits. 

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