Des peines de quatre à vingt ans de prison ont été demandées par l'accusation contre les 51 accusés au procès des viols de Mazan, lors d'un réquisitoire entamé lundi matin et conclu ce mercredi 27 novembre devant la cour criminelle du Vaucluse à Avignon.
L'accusation a requis de lundi à mercredi des peines de quatre à vingt ans de réclusion criminelle contre les 51 accusés au procès des viols de Mazan, jugés pour la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot.
La peine maximale a été demandée contre Dominique Pelicot, ce septuagénaire qui, pendant une décennie, avait violé sa désormais ex-épouse, après l'avoir droguée aux anxiolytiques, et livrée à des dizaines d'hommes recrutés sur internet.
Laure Chabaud, l'une des deux représentantes du ministère public, a espéré que les peines qui seront prononcées lors du verdict, prévu au plus tard le 20 décembre, conduiront les accusés à «une prise de conscience réelle et profonde» de leurs actes, «notamment sur la notion de consentement».
«Le viol ordinaire n'existe pas»
«Par votre verdict, vous signifierez que le viol ordinaire n'existe pas. Que le viol accidentel ou involontaire n'existe pas. Vous délivrerez un message d'espoir aux victimes de violences sexuelles. Vous rendrez une part de son humanité volée à Gisèle Pelicot», a-t-elle affirmé, en s'adressant à la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon.
«Par votre verdict, vous signifierez aux femmes de ce pays qu'il n'y a pas de fatalité à subir et aux hommes de ce pays pas de fatalité à agir. Vous nous guiderez dans l'éducation de nos fils, car c'est par l'éducation que s'impulsera le changement», a-t-elle ajouté. Selon elle, «il y aura un avant et un après» procès des viols de Mazan, une formule déjà utilisée lundi par le Premier ministre Michel Barnier.
«une prise de conscience collective et sociétale»
La magistrate a en revanche regretté que durant les débats, entamés le 2 septembre, il se soit «parfois dégagé de cette salle une communion dérangeante entre les accusés, menant à une décontraction inappropriée».
De même elle a fustigé la «formule magique» répétée par plusieurs accusés, qui ont assuré «n'avoir pas eu l'intention» de violer Gisèle Pelicot, «pour faire disparaître leur responsabilité» : «Sachez messieurs que les formules magiques ne fonctionnent pas dans les enceintes judiciaires», a-t-elle asséné.
L'avocate générale a enfin espéré que «l'ampleur du combat qui doit être mené» amène à «une prise de conscience collective, sociétale» : «Ce procès est une pierre à l'édifice que d'autres après nous continueront à construire», a-t-elle conclu, «ce procès est un pas sur le long et sinueux chemin de la reconstruction».