Alors que le calendrier législatif pour le vote du budget 2025 est particulièrement serré, le projet de loi de finances semble être l’une des principales urgences pour Michel Barnier et son nouveau gouvernement. S’il n'est pas adopté d'ici au 1er octobre, la France pourrait faire face à des conséquences économiques et institutionnelles importantes.
Un document clé pour l’État. Le projet de loi de finances (PLF) détermine l'ensemble des recettes et des dépenses publiques pour l'année à venir. À l’orée de la prise de fonction d’un nouveau gouvernement, si le PLF pour 2025 n’est pas voté d’ici au 1er octobre, la France pourrait bien se retrouver dans une situation délicate.
Et pour cause, l'État serait contraint de fonctionner sur la base d’un budget provisoire, ce qui signifie que les dépenses seraient plafonnées à celles de l'année précédente, rendant impossible toute nouvelle initiative budgétaire ou réforme. Les principaux services publics, comme l'éducation, la santé ou la sécurité, pourraient ainsi manquer de ressources pour répondre aux besoins croissants.
Par ailleurs, cette paralysie des finances publiques affecterait le versement des aides sociales, des subventions ou encore des dotations aux collectivités territoriales, déjà sous pression financière.
Un impact sur la dette et au niveau européen
En outre, les agences de notation, qui évaluent la capacité d’un État à rembourser sa dette, pourraient sanctionner ce blocage institutionnel. Une dégradation de la note du pays entraînerait alors une hausse des taux d’intérêt pour emprunter sur les marchés.
Le non-vote du budget aurait également des répercussions sur les engagements pris par la France au niveau européen. Cette situation alourdirait en effet le poids de la dette publique. Selon une récente note du Trésor français, le déficit public pourrait déraper à 5,6 % du PIB en 2024 et 6,2 % en 2025, après avoir déjà atteint 5,5 % du PIB en 2023.
Or l'Union Européenne impose à ses membres de contenir leur déficit sous les 3 % de PIB. Un blocage prolongé pourrait donc fragiliser les engagements de la France vis-à-vis de ses partenaires européens.
Un signal négatif envoyé aux investisseurs
Alors que les investissements des entreprises sont en berne, et l’épargne des ménages fragilisée, l'économie française est depuis la dissolution de l'Assemblée, pénalisée par un certain attentisme. Dès lors, ne pas réussir à adopter son budget dans les temps pourrait ternir l'image de stabilité de la France et de son attractivité économique.
Les investisseurs pourraient hésiter à s’engager dans un contexte de blocage institutionnel, ce qui ralentirait potentiellement la croissance et l’emploi.
Pour éviter ce scénario, le gouvernement Barnier, pas encore constitué, va devoir s'attaquer sans délai à cette urgence économique et convaincre une majorité de parlementaires avant la date fatidique du 1er octobre.