Alors que Michel Barnier n’exclut pas d’avoir recours à l’article 49.3 pour faire adopter le budget pour l'année 2025, les oppositions, de tous bords, accentuent leur pression sur le Premier ministre en menaçant de voter une éventuelle motion de censure.
La sentence pourrait bien être irrévocable pour le chef du gouvernement. Alors que les discussions sur le budget se poursuivent au Parlement, actuellement au Sénat, le spectre de l’article 49.3 prend de plus en plus de place.
En effet, face à l’obstruction des oppositions, de gauche et d’extrême droite, opposées au projet économique de l’exécutif, Michel Barnier se verrait obligé d’avoir recours à cet outil pour faire passer le budget de l’année 2025 sans vote à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, le projet de loi de finances pour 2025 a été rejeté au Palais-Bourbon le 12 novembre dernier, tandis que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) n’a, de son côté, pas pu être voté, faute de temps.
La gauche unie dans la censure
Face à la menace de l’article 49.3, les députés du Nouveau Front populaire ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils déposeraient une motion de censure.
«Si Michel Barnier s’entête à vouloir contourner le Parlement et à piétiner le vote du 7 juillet des Françaises et des Français pour imposer son budget par 49.3 comme il l’a annoncé, nos groupes parlementaires déposeront une motion de censure», ont écrit Manuel Bompard, Olivier Faure, Marine Tondelier et Fabien Roussel, les cadres des principaux partis de l’alliance de gauche dans une tribune parue ce jeudi dans les colonnes du Monde.
Les responsables politiques ont également jugé que si le gouvernement venait, à l’issue du débat au Sénat, à reprendre son projet, cela aurait «pour effet de rendre encore plus difficile la vie des catégories populaires et moyennes».
La prédiction de Jean-Luc Mélenchon
Face à l’hypothèse de l’utilisation de l’article 49.3, Jean-Luc Mélenchon a pronostiqué la fin du gouvernement de Michel Barnier. Invité sur France 3 dimanche dernier pour analyser la situation politique, le leader de La France insoumise a considéré que la fin de l’exécutif était proche.
«Le gouvernement de Michel Barnier va tomber entre le 15 et le 21 décembre», a-t-il déclaré. Une date que le leader de La France insoumise n’a pas choisi au hasard.
En effet, celle-ci coïncide avec la fin de la séquence budgétaire au Parlement, qui doit, en principe s’achever aux alentours du 21 décembre, date à laquelle expirera le délai constitutionnel de 70 jours dont les députés et les sénateurs disposent pour se prononcer sur le projet de loi de finances.
La pression du Rassemblement national
Si le Nouveau Front populaire venait à déposer une motion de censure, celle-ci ne pourrait faire tomber le gouvernement qu’en cas de soutien du Rassemblement national.
En effet, seule cette alliance est en capacité de permettre à une motion de renverser la fragile majorité de Michel Barnier.
S’il a décidé de laisser du temps au Premier ministre pour appliquer sa politique, tout en imposant ses conditions, le groupe présidé par Marine Le Pen a récemment intensifié sa pression sur l’exécutif, ne fermant pas la porte à une censure.
Invité ce mercredi sur RTL, Marine Le Pen a assuré que son parti n'hésiterait pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si «le pouvoir d'achat des Français est amputé» dans le projet de budget 2025.
«Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure», a-t-elle affirmé.