L'avocat pénaliste qui s'est illustré par son inlassable combat en faveur des droits de l'homme a rendu son dernier souffle ce samedi 31 août, à Villejuif (Val-de-Marne).
L'un des plus grands avocats du XXe siècle. Henri Leclerc, avocat et défenseur inlassable des droits de l'homme, est décédé samedi à Villejuif (Val-de-Marne) à l'âge de 90 ans, a annoncé sa fille, Aline Leclerc, à l'AFP. Le pénaliste, qui a notamment plaidé pour la défense de François Besse, Richard Roman ou encore Jacques Viguier, est décédé «samedi à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif des suites d'un AVC», a précisé sa fille.
Comme de nombreux autres avocats samedi soir sur X, l'ex-figure du barreau et Garde des sceaux démissionnaire Eric Dupond-Moretti a salué sa mémoire : «Cher Henri, tu disais souvent 's’il n’en reste qu’un, je serais celui là'. Avec ta disparition, nous perdons un infatigable défenseur des libertés dont l’engagement et le talent auront marqué le barreau et toute notre justice. J’adresse mes condoléances émues à ses proches.»
Une dernière plaidoirie en décembre 2020
Durant 65 ans, Henri Leclerc, fils d'un fonctionnaire des impôts et petit-fils d'instituteurs, a plaidé avec la même passion les grandes affaires criminelles et toutes les causes sociales, s'imposant comme une référence parmi ses pairs.
Son pedigree d'avocat est impressionnant : il a défendu Charlie Bauer et François Besse, deux lieutenants de Mesrine, Florence Rey, Richard Roman, Hélène Castel, Jacques Viguier, Véronique Courjault, Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. Il est intervenu en tant que partie civile dans l'affaire Omar Raddad, a défendu Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire du Carlton de Lille.
Mais lorsque Henri Leclerc a débuté dans le métier, c'est vers d'autres combats que l'a conduit son engagement politique «fermement à gauche» : dès 1956, en pleine guerre d'Algérie où il a lui-même été envoyé servir, il a défendu des militants du FLN et du MNA (Mouvement national algérien).
Après eux, viennent les étudiants de Mai 68 -il est notamment l'avocat de Cohn-Bendit, Geismar, Sauvageot-, les mineurs du Nord, les pêcheurs bretons, les paysans en lutte, le journal Libération fondé par Jean-Paul Sartre... Henri Leclerc, silhouette massive et sourcils broussailleux, devient l'avocat de toutes les causes sociales.
De 1995 à 2000, il avait présidé la branche française de la Ligue des droits de l'homme, et en était encore président d'honneur. Il avait livré son ultime plaidoirie en décembre 2020 devant la 1ère chambre civile du tribunal de Paris.
«Le roi lion est mort et nous sommes orphelins»
«Le roi lion est mort et nous sommes orphelins. Henri un homme d’exception, un ami fidèle et un mentor. Une perte inestimable en ces temps troublés où son intelligence et son ardente passion du droit et de l’égalité vont nous manquer», a regretté Malik Salemkour, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme (LDH), sur X.
«C'est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès de Henri Leclerc. Brillant avocat, fervent défenseur des libertés publiques, il était l'une des plus illustres figures de notre barreau», a réagi sur X Me Pierre Hoffman, bâtonnier de Paris.
«Henri Leclerc était un très grand Monsieur. Toujours à nos côtés pour défendre la CFDT, ses responsables et notre lutte contre l’extrême droite. Fiers qu’il soit notre avocat, il nous a tant inspirés», a de son côté écrit sur le réseau social X Léon, secrétaire générale de la CFDT.