A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars, un hommage national est rendu à l’avocate et féministe Gisèle Halimi, décédée en 2020.
Une femme engagée célébrée. Pour honorer la mémoire de la célèbre avocate et féministe Gisèle Halimi, décédée en 2020, le président de la République Emmanuel Macron va lui rendre, ce mercredi 8 mars, hommage au nom de la nation. Une date qui n'est choisie au hasard puisqu'elle coïncide avec la Journée internationale des droits des femmes.
Initialement prévu l’année de son décès, l'hommage national à la militante avait été compromis par le déplacement du président au Liban, peu après l'explosion dans le port de Beyrouth. Une deuxième date, début 2022, avait aussi été évoquée, avant d'être abandonnée.
"En rendant un hommage national à Gisèle Halimi, le président de la République a choisi d'honorer une femme de combat, une pionnière du féminisme", souligne @RomeIsabelle.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/tIBjRhmYi1
— LCP (@LCP) March 7, 2023
Ce mercredi sera donc la bonne et le chef de l'État doit ainsi prononcer un discours au Palais de justice de Paris, où sera également présent Jean-Yves Halimi, l’un des fils de Gisèle Halimi. Néanmoins, cet événement s'accompagne d'une certaine polémique puisque l'autre fils de l'avocate, le journaliste Serge Halimi, qui n’a pas voulu participer à cet hommage national. En cause : la mobilisation contre la réforme des retraites, dont les femmes sont, soutient-il, les grandes perdantes.
Une avocate et députée
Originaire de Tunisie, Gisèle Halimi est née le 27 juillet 1927 à La Goulette. Dès les années 1950 en devenant avocate, elle s’engage alors pleinement dans la lutte pour la décolonisation, notamment en Algérie et en Tunisie. Elle défendra à partir des années 1960 l’activiste et militante Djamila Boupacha, violée et torturée par des soldats français qui l’accusaient de tentative d’assassinat.
Dans les années 1970, elle prend la défense de femmes accusées d’avortement illégal, permettant l’acquittement de trois des accusées mais aussi ouvrant la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975.
Élue députée en 1981 et proche de François Mitterrand, elle poursuit le combat à l'Assemblée nationale, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Elle occupe par la suite plusieurs fonctions au sein de l’UNSECO en tant qu’ambassadrice de la France notamment, ou encore conseillère spéciale de la délégation française à l’ONU.
Pleinement engagée pour les femmes
Autre combat cher à Gisèle Halimi et pour lequel elle s’est battue toute sa vie : le féminisme. Elle a été, en 1971, la seule avocate signataire du manifeste des 343 femmes ayant déclaré avoir déjà avorté et réclamant l’accès à l’avortement en toute liberté.
Si elle parvient à travers son métier d’avocate, à plaider la cause des femmes, elle fonde la même année le mouvement de lutte pour la dépénalisation de l’avortement «Choisir la cause des femmes», avec Simone de Beauvoir et Jean Rostand.
En plus de ses actions pour l’avortement, la parité entre les deux sexes mais aussi pour la criminalisation du viol, Gisèle Halimi s’est aussi engagée sur d’autres sujets en lien avec la cause des femmes comme le port du voile ou la prostitution.
Bientôt au Panthéon ?
Décédée le 28 juillet 2020 à 93 ans, elle a été à de nombreuses reprises réclamée au Panthéon par des associations féministes, se heurtant à des réticences du côté de l'Élysée, en raison de ses prises de positions sur la guerre d'Algérie et de sa défense de militants du FLN, jugées trop clivantes, selon des membres de l'entourage du président. Le dossier reste néanmoins toujours à l’étude.
«On devait bien ça à la personnalité publique qu'a été ma mère pendant des dizaines d'années, sur de nombreux sujets comme la lutte anticoloniale ou la lutte et les droits des femmes», a déclaré Jean-Yves Halimi. «J'ai toujours pensé qu'elle le méritait», a-t-il ajouté.
L'hommage national «peut tout à fait être une première étape, un premier pas» vers une éventuelle panthéonisation ultérieure, a par ailleurs observé son fils, une possibilité à laquelle il s'est dit «tout à fait favorable».
D’autant plus que soixante-seize députés de la majorité ont demandé vendredi à Emmanuel Macron qu'elle entre au monument national, signataires d'une lettre au chef de l'État pour que «Gisèle Halimi puisse être la septième femme au Panthéon», et «rejoindre sa sœur de lutte Simone Veil».