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«No Pasaran» : antisémitisme, sexisme, incitation à la haine… Un clip de rappeurs anti-RN au cœur d’une polémique

Le texte comporte un concentré de violences et de haine qui, parfois, appelle au meurtre. [Capture écran YouTube]

Au lendemain de la victoire du Rassemblement national au premier tour des élections législatives, 20 rappeurs ont sorti un clip de rap anti-RN. Néanmoins, les propos interprétés se retrouvent au cœur d’une polémique, le texte étant antisémite, sexiste et incitant à la violence physique.

Depuis le succès inédit du Rassemblement national lors du premier tour des législatives, dimanche 30 juin, des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler à faire barrage à Jordan Bardella et au parti nationaliste. Parmi elles, 20 rappeurs ont pris la parole à travers une chanson de 9 minutes et 43 secondes, nommée «No Pasaran» (Ils ne passeront pas en français) et publiée sur la plate-forme YouTube.

Ce terme a été prononcé par les partisans de la Seconde République espagnole, entre 1936 et 1939, en lutte contre les rebelles nationalistes commandés par le général Franco, dont le soulèvement des 17 et 18 juillet 1936 a déclenché la guerre civile espagnole. 

Dans cette nouvelle chanson, les rappeurs ont exprimé leur opposition au Rassemblement national à travers des propos parfois polémiques et virulents à l’égard de Jordan Bardella. «Secousses et tremblements, f*ck le Rassemblement (RN : ndlr)», a chanté le rappeur Fianso avant de lancer : «Ma gueule, on vote contre les porcs, Jordan t’es mort».

Bien qu'elle puisse être considérée comme une menace de mort, la phrase «Jordan, t'es mort», prononcée par Fianso, fait référence au slogan lancé par Cédric Doumbé à son rival Jordan Zebo lors d'un combat de MMA au Zénith de Paris le 30 septembre 2023 et repris par le public ainsi que lors des manifestations anti-RN.

Des propos considérés comme antisémites

Outre les menaces à l'encontre de Jordan Bardella, le collectif de rappeurs est revenu sur la situation au Proche-Orient avec des mots antisémites ayant pour objectif de nier l'existence de l'Etat d'Israël. «Vive la Palestine de la Seine au Jourdain», ont-ils chanté.

À travers cette phrase, les rappeurs ont détourné le slogan «Palestine libre, de la mer au Jourdain», scandé dans les manifestations pro-palestiniennes depuis quelques mois à la suite de la riposte israélienne après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Le slogan fait couler beaucoup d'encre, notamment en Allemagne, au point que son utilisation peut être considérée comme un appel à «l’extrême violence» ou au «génocide juif». 

De plus, au cours de ces 9 minutes et 43 secondes, les rappeurs ont pris à partie l’imam de Drancy, Hassan Chalgoumi, qui serait, selon eux, un «mauvais musulman». «N*que l’imam Chalghoumi et ceux qui suivent le Sheitan (démon : ndlr) à tout prix», ont-ils lancé.

Un concentré de violences et de haine qui, parfois, appelle au meurtre, comme l’indique le passage du rappeur Ashe 22, chanté à la 3e minute : «Si les fachos passent, je vais sortir avec un big calibre (...) Ils méritent de caner (mourir : ndlr)». Ou encore, les propos interprétés par Alkpote à la 5e minute : «Je recharge le kalachnikov, en Louis Vuitton comme Ramzan Kadyrov».

Cette dernière phrase renvoie essentiellement à la veste à imprimé camouflage signée Louis Vuitton que Ramzan Kadyrov, le chef de la république russe de Tchétchénie, aurait arboré lors d'un déplacement à Bakhmut, en Ukraine. 

Aussi, dans cette même chanson, Marine Le Pen et Marion Maréchal ont également été attaquées et ont fait l'objet d'insultes à caractère sexuel et sexiste, notamment à travers le passage : «Marine et Marion les p*tes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut». L’utilisation du terme «coup de bâton» peut également renvoyer à l’incitation à la violence physique à l’encontre des deux femmes politiques.

Sur le réseau social X, Marine Le Pen a réagi à ce tube. «Le Nouveau nouveau front populaire. Ça donne envie, non ?», a-t-elle dit. «J’espère que le parquet va se saisir de cette abjection», a-t-elle ajouté.

De son côté, Jordan Bardella a fustigé un «univers mental de l’extrême gauche» qui «est de plus en plus toxique». 

Marion Maréchal a, elle, remercié «ce collectif de rappeurs ringards pour les milliers de voix que leur clip de haine apportera aux candidats de l’union nationale».

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