Dans le cadre de la campagne éclair des élections législatives, la réforme des retraites occupe une place importante du programme des principales forces politiques du pays. Voici ce que proposent la coalititon Ensemble, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national.
Si les premiers jours de campagne ont été marqués par les tractations et recompositions au sein des différents camps politiques, les principaux partis ont déjà annoncé leur positionnement sur de grands thèmes, à l’image de la réforme des retraites, objet de nombreuses contestations lors de son adoption en 2023. Alors que la majorité présidentielle prévoit de conserver sa réforme, les oppositions souhaitent quant à elles l'abroger et envisagent un retour progressif à la retraite à 60 ans.
Ensemble (majorité présidentielle)
La réforme des retraites était l’une mesures phares du programme d’Emmanuel Macron pour son second quinquennat. Adoptée en 2023 au nom des «réalités budgétaires» et de «l'évolution démographique», cette réforme sera conservée par une éventuelle majorité présidentielle en cas de victoire aux législatives. Dans le détail, elle prévoit notamment le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans d'ici à 2030, une durée de cotisation portée à 43 ans dès 2027, et un dispositif adapté pour les carrières longues.
La réforme prévoit également de conserver l'âge de la retraite à taux plein (sans décote) fixé à 67 ans, mais aussi la mise en place d’un index sénior dans les entreprises d'au moins 300 salariés, une surcote anticipée jusqu'à 5% pour les mères de famille lorsqu'elles ont une carrière complète à 63 ans, une revalorisation de la retraite minimale à près de 1.200 euros bruts par mois (soit l'équivalent d'au moins 85% du SMIC net) pour une carrière complète cotisée à temps plein au SMIC, et la fin de certains régimes spéciaux.
Enfin, la réforme du gouvernement concerne aussi les agents publics, fonctionnaires et contractuels. Pour les 20% d'agents en catégories dites «actives» et «super-actives» (infirmiers, aides-soignants, policiers, pompiers, surveillants pénitentiaires...), l'âge d'ouverture de leurs droits à la retraite est reculé de 57 à 59 ans pour les catégories actives et de 52 à 54 ans pour les catégories super-actives. En parallèle, les parlementaires ont voté un objectif de réduction de moitié des écarts de pension entre les femmes et les hommes à l'horizon 2027 et un objectif de suppression de ces écarts à l’horizon 2050.
Le Nouveau Front populaire
C'est l'une des priorités du programme du Nouveau Front populaire : abroger immédiatement les décrets d'application de la réforme des retraites adoptée en 2023 et revenir à un âge de départ minimal à 62 ans, avec l’objectif d’un retour à la retraite à 60 ans dans un second temps.
Dans son nouveau dispositif, le Nouveau Front populaire prévoit notamment d’augmenter le minimum contributif (pension de retraite minimale pour une carrière complète) au niveau du SMIC, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté. Il entend aussi rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron, prendre en compte le RSA pour valider des trimestres en vue de la retraite, ou encore indexer le montant des retraites sur les salaires.
Pour financer ces nouveaux dispositifs, dont la facture est estimée à 20 milliards d’euros par an d’ici à 2032 pour le retour de la retraite à 62 ans, puis à 50 milliards d'euros par an une fois l’âge légal de départ revenu à 60 ans, le nouveau Front populaire prévoit notamment de soumettre à cotisation les dividendes, la participation, l’épargne salariale, les rachats d’action, et les heures supplémentaires, mais aussi d’augmenter de 0,25 point par an pendant 5 ans les cotisations vieillesse. Il prévoit aussi de moduler les cotisations sociales patronales et de créer une «surcotisation» sur les hauts salaires.
Le Rassemblement national
La question des retraites ne figure pas parmi les huit thématiques principales du parti pour les législatives. Mais Jordan Bardella, candidat à la fonction de Premier ministre, a affirmé dans les colonnes du Parisien que la question d'une abrogation de la réforme des retraites serait programmée à l'automne. Selon son site internet, le Rassemblement national prévoit de se référer aux propositions formulées par Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle de 2022.
L’ex-candidate proposait notamment une retraite à 60 ans pour les carrières longues (pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans) sous réserve d’un certain nombre de trimestres cotisés. Un dispositif qui semble très proche de ce qui existe déjà aujourd'hui. Les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans peuvent en effet partir à la retraite à 60 ans s'ils ont cotisé au moins 171 ou 172 trimestres selon leur année de naissance.
Par ailleurs, le député du RN, Jean-Philippe Tanguy, a également évoqué un passage, dans un premier temps, par un retour à l’avant-réforme Macron, c’est-à-dire un départ fixé à 62 ans, chiffré à 9 milliards d’euros et compensé par l'augmentation des carrières longues (en envoyant des jeunes plus tôt sur le marché du travail) et par «un rétablissement de la productivité». Au-delà de l'âge de départ, le Rassemblement national ne se prononce pas sur les durées de cotisation pour avoir droit à une retraite à taux plein.
Selon le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR), publié la semaine dernière, un déficit de près de 6 milliards d'euros est prévu pour cette année pour les caisses de retraite, et de l'ordre de 0,4% du PIB en 2030, soit sans doute autour d'une douzaine de milliards d’euros.