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Dengue, fièvre hémorragique de Crimée-Congo, grippe aviaire… Pourquoi les viroses émergentes inquiètent-elles de plus en plus l’Europe et la France ?

Les viroses émergentes inquiètent de plus en plus l'Europe Les viroses émergentes inquiètent de plus en plus l'Europe. [Adobe]

Depuis la crise du Covid 19 en 2020, les scientifiques sont de plus en plus vigilants vis à vis des maladies infectieuses. Les viroses émergentes inquiètent de plus en plus l'Europe.

Le Covid 19 est encore dans toutes les têtes. Mais les viroses émergentes, telles que la dengue, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo et la grippe aviaire sont surveillées de près. Mais quels sont vraiment les risques en Europe ? 

LA DENGUE

La dengue est une infection virale qui se transmet des moustiques aux humains. Elle est plus courante dans les climats tropicaux et subtropicaux. Les recommandations pour la France Métropolitaine devraient tomber dans le courant de la semaine prochaine, mais il semblerait que la maladie arrive en force dans l'Hexagone. Entre le 1er janvier et le 19 avril 2024, 1.679 cas de dengue importée ont été notifiés à Santé publique France contre 131 sur la même période en 2023. 

La plupart des malades sont asymptomatiques, mais en cas de symptômes, les sujets développent généralement une forte fièvre, des maux de tête, des courbatures, des nausées et des éruptions cutanées. La plupart sont guéris en une à deux semaines. 

Certains cas rares de dengue sévère nécessitent une hospitalisation. Dans les cas les plus dramatiques, la dengue peut être fatale.

Le docteur André Cabié, infectiologue référent REB et chef du service de maladies infectieuses et tropicales à l'ESR Martinique, indique que certaines pathologies comme le diabète, l'obésité, l'hypertension ou la drépanocytose peuvent favoriser une contamination grave. 

«il reste difficile d'identifier rapidement les formes graves de la maladie», reconnaît le spécialiste. Sur 35.000 cas symptomatiques l'année dernière aux Antilles, Il y a eu moins de 100 formes graves et une quinzaine de morts. 

La situation n'est donc pas alarmante, d'autant qu'un vaccin existe. Il serait cependant moins efficace sur les sujets qui attrapent la dengue pour la première fois. On peut réduire le risque de maladie en évitant les piqûres de moustiques, surtout pendant la journée.

La dengue se traite par analgésiques, car il n’existe pas de traitement spécifique. Il est donc conseillé aux Français de rester vigilant face aux piqûres de moustiques et de contacter un professionnel de santé au moindre symptôme évocateur de la maladie. 

L'objectif des chercheurs et d'identifier les personnes les plus à risque de développer une forme grave afin de puvoir prévenir au mieux la maladie, suggère le docteur André Cabié. 

FIÈVRE HÉMORRAGIQUE DE CRIMÉE-CONGO

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) est une maladie provoquée par un virus du même nom. L’infection par ce virus est, dans la plupart des cas, asymptomatique ou peu symptomatique mais elle peut aussi provoquer une maladie avec des formes sévères voire mortelles dans les cas les plus graves. 

La transmission du virus à l’humain se fait principalement par des piqûres de tique du genre Hyalomma. Elle se distingue de sa cousine Ixodes ricinus par sa grande taille et ses pattes rayées. 

Présent sur le territoire métropolitain depuis 2015, cet insecte est susceptible de transmettre la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC). Un virus qui a justement été identifié pour la première fois en France en octobre 2023, en Corse et dans les Pyrénées-Orientales.

La maladie est répartie dans le monde avec des foyers épidémiologiques importants notamment dans le Moyen-Orient et en Turquie. La docteur Laurence Vial, chercheuse au CIRAS-BIOS-UMR ASTRE, indique que la Turquie a ressassé 1.300 cas de la maladie l'année dernière.

«En Europe occidentale, seule l'Espagne a déclaré un à trois cas depuis 2016. Aucun cas humain n'a été encore rapporté en France», rassure Laurence Vial. 

«Comme le virus a été détecté en France, en Corse et dans les Pyrénées-Orientales, le risque d'émergence et d'infection à l'humain dans les années à venir ne peut pas être écarté», indique-t-elle. 

Deux groupes d'expertises sont mandatés pour évaluer les personnes à risque et exposées à la maladie, rechercher des anticorps et examiner si la zone de présence de la tique Hyalomma est une zone de circulation virale. Les spécialistes estiment que le risque de contamination en France est aujourd'hui faible. 

GRIPPE AVIAIRE H5N1 AUX ETATS-UNIS

La grippe aviaire est une maladie virale qui sévit chez les oiseaux, et dont le taux de mortalité est très élevé chez les oiseaux d’élevage (poulet, oies, etc.). Si la plupart des virus aviaires n’infectent pas l’homme, certains sous-types parviennent parfois à franchir la barrière des espèces : c’est le cas du virus H5N1, pathogène pour l’homme et présent en Asie et aux Etats-Unis. 

A l’heure actuelle, la transmission du virus ne se fait que depuis l'animal l’homme, mais les autorités sanitaires redoutent une évolution du virus vers une forme transmissible d’homme à homme, ce qui ouvrirait la porte ouverte à une pandémie.

Aux Etats-Unis, 12 états sont touchés par cette forme de la maladie, dont deux assez sévèrement (le Texas et le Michigan). La maladie a touché les vaches laitières mais se propage aux chevaux et même aux chats, indique le docteur Eric Cardinale, vétérinaire spécialisé dans les domaines de la microbiologie et de l'épidémiologie. Cela est sûrement dû à une contamination par le lait des vaches, qui elles-mêmes ont été contaminées par de la litière de volaille. 

«Cette forme du virus n'a encore jamais été retrouvée en Europe» rappelle le spécialiste. Le vétérinaire rappelle cependant qu'entre 2020 et 2022, des millions de volailles infectés par la grippe aviaire ont du être abattues en France. Ce qui montre que même si l'Homme n'est pour le moment pas concerné par une épidémie, la contagiosité élevée de la maladie poserait un vrai problème de sécurité sanitaire s'il venait à se multiplier chez l'être humain. 

Le principal risque de contamination à l'Europe sont les oiseaux migratoires qui sont amenés à se croiser pendant leur parcours, et potentiellement se contaminer. Le docteur Eric Cardinale estime que le risque d'épidémie chez l'Homme n'est pas à l'ordre du jour. Les faibles cas de grippe aviaire chez l'Homme ont en plus toujours été soignés facilement. 

Les principaux risques résident dans la charge alimentaire et notamment l'importation d'animaux ainsi que les travailleurs qui officient au milieu des volailles ou des bovins. 

L'Union Européenne a annoncé avoir conclu un contrat lui permettant de commander jusqu'à 865.000 doses de vaccins. «La France fait partie de ces pays même si en termes d'utilisation, la situation n'est pas aussi avancé qu'en Finlande», conclu Eric Cardinale.

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