Ce mardi paraît le deuxième baromètre de la parentalité publié par la MAE, en collaboration avec OpinionWay. Selon les résultats, 63% des parents craignent que leur enfant soit victime de harcèlement à l'école, un chiffre en nette hausse par rapport à l'an dernier.
Un fléau qui doit être combattu par la prévention, une éducation et une surveillance de tous les instants. À l'occasion de la deuxième édition du baromètre de la parentalité, la MAE, premier acteur de l'assurance scolaire en France met en lumière le harcèlement à l'école.
Dans cette étude miroir dirigée par l'institut de sondage OpinionWay, qui consulte à la fois les parents et les élèves et collégiens, le constat est clair : les parents (63%) redoutent encore plus que leur enfant soit victime de harcèlement scolaire que l'an dernier (56%).
Dans le détail, la préoccupation est davantage forte chez les parents de collégiens âgés de 10 à 14 ans, puisque plus de 7 adultes sur 10 (71%) ont peur pour leurs jeunes. Parmi les principales raisons qui forgent ces inquiétudes, on retrouve en premier les risques d'agressions et de racket (58%), avant les accidents corporels (43%). Chez les enfants interrogés, le chiffre est lui aussi interpellant puisque plus d'un élève sur deux (52%) redoute d'être victime de harcèlement scolaire (58% chez les filles et 47% pour les garçons).
«Le collège a toujours été la tranche d'âge la plus à risque avec l'entrée dans l'adolescence, le questionnement des normes et l'apparition du harcèlement sur l'habillement, l'origine sociale, sur le physique, la religion, l'orientation sexuelle», a expliqué à CNEWS Stéphane Coste, directeur général de la MAE.
Le rôle des réseaux sociaux
Parmi les autres enjeux balayés par ce rapport rendu publique ce matin, celui de la haine via les appareils numériques rend compte d'une situation qui parfois échappe aux parents.
Dans un premier temps 66% des parents sondés craignent que leur enfant soit cyberharcelé, soit 3 points de plus que le harcèlement scolaire commis au sein de l'établissement. Les jeunes appréhendent également cette situation et sont pour 64% inquiets (72% des filles vs. 56% des garçons).
«Il y a plusieurs années, il n'y avait pas tous ces réseaux sociaux qui vont créer un continuum entre le lieu de la vie scolaire et la sphère familiale et privée. Avant cela pouvait être dur à l'école, mais cela s'arrêtait une fois à la maison», a indiqué le responsable de la MAE.
L'autre chiffre intéressant, et qui montre semble-t-il une distance des parents sur l'utilisation des réseaux sociaux par les adolescents est que 37% d'entre eux redoutent que leur enfant ne soit hauteur de harcèlement ou de cyberharcèlement. Le chiffre monte à quatre élèves sur dix craignant être ou devenir eux-mêmes des harceleurs ou cyberharceleurs.
Le manque de maîtrise des parents sur l'activité en ligne de leurs enfants est également répertoriée, par ricochet dans un volet de l'étude. Selon les remontées, la moitié (50%) estiment que leurs adolescents sont addicts aux écrans, pour seulement 22% des principaux intéressés. un parent sur quatre exprime aussi des inquiétudes quant au non-respect des règles établies pour limiter l'accès aux écrans, surtout les téléphones portables, premières sources de navigation sur les réseaux sociaux.
La nécessité d'une éducation optimale
L'enjeu du baromètre commandé par la MAE s'inscrit dans une volonté de perfectionner l'accompagnement des élèves et des acteurs de l'éducation, à commencer par les parents. D'ailleurs, dans le rapport, on constate que pour 92% d'entre eux, les enfants questionnés ont le sentiment de pouvoir suffisamment parler avec leurs parents. Les parents ont répondu oui pour 88% d'entre eux. 58% des parents qualifient même la relation avec leur adolescent de complice, soit 4 points de plus que le précédent baromètre de 2023.
Alors que le gouvernement dénombre 800.000 à 1 million d'élèves harcelés au sein des établissements scolaires chaque année, et qu'une mission flash de parlementaires avait été lancée en septembre 2023 pour s'emparer du sujet, cette étude pose aussi question de la responsabilité des élèves et du rôle des équipes pédagogiques.
«Si on n'est ni victime, ni auteur, on peut cependant être témoin. Les familles ont un rôle à jouer, il faut être ouvert au dialogue avec les enfants. Alerter sur une situation est aussi de l'ordre de l'empathie», a ajouté Stéphane Coste.
Dans cette optique, la MAE a d'ores et déjà produit une série de podcasts sur des témoignages de jeunes adultes passés par des situations de harcèlement sur le physique, qui ont réussi à s'en sortir aujourd'hui.
Cette étude réalisée par OpinionWay a permis d'interroger 1.000 adultes et 700 enfants à l'échelle nationale, par l'intermédiaire d'un questionnaire.