À l’issue du scrutin, le Rassemblement national demeure, sans surprise, le grand vainqueur de ces élections européennes, tandis que la majorité présidentielle se voit infliger un cinglant revers, conduisant Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale. La liste PS-Place publique s’offre une convaincante troisième place, porteuse d’espoirs à gauche pour 2027.
Les élections européennes ont rendu leur verdict. Si le Rassemblement national est le grand gagnant du scrutin, avec une trentaine de députés qui siègeront au Parlement européen, les listes de gauche reprennent des couleurs, à commencer par les socialistes qui obtiennent une solide troisième place avec près de 13,8% des voix, suivis par la France insoumise, qui progresse également avec 9,9% des suffrages.
À l’inverse, les 14,6% de Valérie Hayer constituent un véritable désaveu pour la majorité présidentielle, qui a conduit le président à prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale, et à convoquer de nouvelles élections législatives qui se tiendront le 30 juin et le 7 juillet prochain. Avec 7,2% des suffrages, les Républicains ne sont pas parvenus à rassembler leur électorat, tandis qu'EELV et Reconquête sortent tout juste la tête de l’eau, au-delà de la barre fatidique des 5%.
Le RN grand gagnant, les listes de gauche placées
Alors que les sondages plaçaient Jordan Bardella en tête du scrutin autour de 29% des intentions de vote, le candidat du Rassemblement national a dépassé ces prédictions, atteignant le score historique de 31,36% des suffrages, en nette augmentation par rapport à 2019 (23,31%). Avec ce score, le Rassemblement national enverrait trente députés au Parlement européen, participant ainsi à la forte progression des droites nationalistes partout en Europe.
Autre grande gagnante du scrutin : la liste PS-Place publique, qui revoit la vie en rose avec un score estimé à 13,8% des suffrages, solidement installée en troisième position et talonnant la majorité. Raphaël Glucksmann a visiblement profité de la «droitisation» d’Emmanuel Macron, de la stratégie clivante de la France insoumise et des difficultés à émerger de Marie Toussaint, pour séduire un électorat de gauche «social-démocrate». Il obtient ainsi plus du double du score des socialistes en 2019, et se place en position de force pour une potentielle recomposition à gauche en vue de la présidentielle de 2027.
La liste de la France insoumise, portée par Manon Aubry, tire elle aussi son épingle du jeu, profitant d’une forte mobilisation de ses électeurs, notamment en raison du contexte au Proche-Orient et de la situation à Gaza, que les insoumis ont érigé en priorité de campagne pour ces élections européennes. Avec 9,9% des suffrages selon les résultats définitifs, l’eurodéputée LFI fait mieux qu’en 2019 (6,31%).
La majorité grande perdante, la droite limite la casse
Les sondages l'avaient annoncé, le résultat du scrutin le confirme. Face à la large victoire du Rassemblement national, adversaire choisi et revendiqué de la majorité présidentielle pour ces élections européennes, le grand perdant du scrutin est indéniablement la liste emmenée par Valérie Hayer, agrégeant Renaissance, le Modem, Horizons, l'UDI et les Radicaux. Un immense camouflet pour le président de la République, qui a annoncé dans la foulée la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives.
Un résultat qui vient clôturer trois mois d'une campagne laborieuse, et faire office de vote «sanction», qui s’est exprimé à l’encontre d’un pouvoir aux commandes depuis sept ans, atteint par un effet d’usure et de lassitude d’une partie de l’électorat. Avec un score de 14,6%, jamais la coalition gouvernementale n’a été aussi basse lors d’une élection. Le contraste est d’autant plus saisissant au regard de l’objectif affiché en début de campagne : réitérer le score de 2019, lorsque la liste de Nathalie Loiseau avait obtenu 22,42% des suffrages.
Dans une moindre mesure, malgré une campagne «de terrain», la liste des Républicains portée par François-Xavier Bellamy a limité la casse en obtenant un score de 7,2% selon les dernières estimations. Ce résultat, inférieur aux 8,48% de 2019, démontre la faible mobilisation des électeurs traditionnels des Républicains, tiraillés entre la fidélité pour leur parti, et l’attrait des listes du Rassemblement national ou de la majorité présidentielle. Les Républicains obtiennent toutefois 6 sièges au Parlement européen.
À noter le résultat décevant de la candidature écologiste portée par Marie Toussaint, qui obtient un score de 5,5%, juste au-dessus du seuil requis pour envoyer des députés au Parlement européen. Il s’agit toutefois d’une défaite pour EELV qui avait réalisé un impressionnant score de 13,4% en 2019.