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Élections européennes 2024 : l'abstention massive pourrait-elle changer la donne ?

L’électorat dit «jeune» se positionne majoritairement à gauche et compte désormais le plus d’abstentionnistes. [ludovic MARIN / AFP]

Le taux d’abstention pour les élections européennes du 9 juin serait estimé entre 50 et 55 %. Des pourcentages particulièrement élevés, qui laissent place à plusieurs interrogations, notamment concernant l’impact que cela aura sur ce scrutin trop peu considéré par la population.

Voter constitue un droit majeur dans notre société, pourtant le taux d’abstention n’a jamais été aussi élevé que depuis ces dernières années. Ce dimanche 9 juin, à nouveau, une abstention massive est attendue dans le cadre des élections européennes. Public Sénat a estimé un taux d’absence aux urnes de 50 à 55 %.

Dans un sens ou dans un autre, s’abstenir peut déjouer l’ensemble des pronostics établis. Cela a particulièrement été le cas lors des élections européennes de 2019, pour le parti Europe Écologie Les Verts qui, contre toute attente, s’est fortement démarqué, a rappelé Pierre Allorant, historien du droit et politologue, à CNEWS. «Il n’est pas exclu qu’il y ait un rebond dans la participation (aux élections européennes)», a-t-il déclaré.

Toutefois, plusieurs partis pourraient se voir impacter à l’issue du scrutin. Mais selon lui, en plus des différences territoriales entre le nord et le sud du pays, le manque de votants viendrait en particulier du fait que ces élections puissent paraître «lointaines» pour beaucoup de citoyens Français.

Des élections trop confuses

Comme l'a expliqué Pierre Allorant, les Français ne peuvent que difficilement se projeter, «ce n’est pas comme pour une élection de maire ou de conseiller départemental… on ne sait pas mettre un visage ou un nom». D’autant plus que les 38 listes nationales de candidats aux élections européennes, comportant 81 noms, peuvent rapidement leur faire perdre le fil, se retrouvant submergés par des propositions qu’ils ne comprennent pas forcément.

Autre point soulevé par le politologue, la notion de «domicile électoral». En effet, de nombreux jeunes sont restés inscrits au domicile de leurs parents, mais ont été contraints de partir vivre dans une autre ville pour étudier. Dans ce cas, «payer un billet de TGV ou un plein d’essence pour voter peut décourager», a-t-il expliqué.

Enfin, les jeunes seraient souvent placés dans la catégorie des personnes défavorisées, se sentant bien souvent délaissés par le gouvernement et ne lui faisant ainsi plus confiance. Pourtant, selon Pierre Allorant, leurs voix pourraient bien changer le cours des élections.

L’électorat jeune pourrait faire pencher la balance

L’abstention ne touche pas de la même manière l’ensemble des électorats, c’est ce que l’on appelle «l’abstention différenciée». Aujourd’hui, l’électorat dit «jeune» se positionne majoritairement à gauche et compte désormais le plus d’abstentionnistes. Ce sont donc les partis tels que LFI ou le PS qui seraient en danger. Aussi, avec seulement 5 % aux sondages, qui est le seuil minimal pour siéger au Parlement européen, le parti des Verts pourrait bien disparaître, si son électorat, porté par les jeunes qui s’investissent davantage dans les enjeux environnementaux, venait à s’abstenir.

À l’inverse, ce sont les électorats «plus âgés», et «plus aisés», composés de cadres, retraités ou travailleurs dans des professions libérales, qui sont les moins touchés par ce risque. Autrement dit, les partis tels que Reconquêtes ou Les Républicains.

Enfin, s’il est «très probable» que le Rassemblement National arrive en tête des votes, comme l’a souligné Pierre Allorant, cela serait notamment dû à l’impopularité d'Emmanuel Macron. Dire oui au RN serait donc l’option de facilité pour s’opposer à la majorité présidentielle, «c’est un non à l’Europe actuelle et au président de la République».

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