En direct
A suivre

80 ans du Débarquement : la poche de Falaise, dernière bataille de Normandie

Chemin débouchant du gué de Moissy. (Photo d'archive de la collection P.Billault) [©Mémorial de Montmorel]

L'épisode de la poche de Falaise, qui s'est déroulée du 12 au 21 août 1944, a signé la fin de la bataille de Normandie, entamée par le Débarquement des alliés, le 6 juin. Retour sur cette victoire des forces libres qui a conduit à la Libération de Paris.

Les Allemands pris en tenaille. La bataille de la poche de Falaise, qui s'est soldée le 21 août 1944 par la victoire des Alliés, a été l'apothéose du Débarquement et a permis d'aboutir à la Libération de Paris, trois jours plus tard.

À cette période, 100.000 soldats allemands étaient encore présents dans la région de Falaise-Chambois en Normandie, face aux troupes Alliées composées de régiments français, polonais, canadiens, américains et britanniques. En tout, 250.000 alliés ont lancé, dès le 12 août 1944, une opération visant à encercler les Allemands pour les faire reculer et les forcer à la reddition. 

La reddition pour survivre

L'étau s'est rapidement resserré autours des Allemands. Le 19 août 1944, les soldats polonais ont refermé la poche. Les occupants se sont retrouvés encerclés de toutes parts. 

Les 50.000 soldats qui n'ont pas encore pu battre en retraite et quitter la Poche de Falaise n'ont plus eu qu'un passage entre Saint-Lambert et Chambois. Ce dernier était large de seulement trois kilomètres. 

poche_le_19_aout_carte_s_jonot_-taille640_6646306326a8c.jpg
La situation du champ de bataille au moment de la création du couloir de la mort ©S.Jonot

Ce passage si étroit a alors été surnommé «le couloir de la mort», tant il a été meurtrier pour les Allemands, 10.000 d'entre périssant en tentant la traversée. Les 40.000 restants ont été faits prisonniers par les Alliés. 

Côtés Alliés, les pertes ont également été très grandes, 2.000 hommes meurent au combat. 

Les militaires n'ont pas été les seuls à souffrir de lourdes pertes. Parmi les civils, 72 ont perdu la vie durant cet épisode. Si le nombre peut paraître insignifiant en comparaison des 10.000 germaniques tués, il reste très élevé, selon Stéphane Jonot, directeur du Mémorial de Montmorel, qui continue de transmettre le souvenir de cette bataille méconnue. 

«Je trouve le chiffre relativement élevé puisque les civils ne combattent pas. Les unités allemandes étant en mouvement, les Alliés utilisent des obus qui éclatent en l’air, donc quand vous êtes dans des tranchées ou une cave, normalement, vous ne risquez pas grand-chose et malgré tout, 72 civils sont tués», a-t-il expliqué. 

Plus anecdotique, Stéphane Jonot a tenu à rappeler que les animaux n'avaient pas été épargnés par la violence des combats. «Entre 6.000 et 10.000 chevaux ont été tués». 

Lorsque les témoins encore existants de cette période ont raconté ce qu’ils avaient vu, ils ont été nombreux à avoir été marqués par la présence de ces cadavres équins. «Ils m’expliquaient que ce qui les avait marqués, c'étaient les chevaux morts, le corps gonflés et les pattes en l’air. Les chevaux sont l’image même de l’innocence des animaux qui se retrouvent victimes d’un conflit», a précisé le directeur du Mémorial de Montmorel.  

Une terre polluée par la mort

L'avancée des Alliés devait se poursuivre, et il avait été décidé que les corps ne seraient pas retirés tout de suite du champ de bataille, laissant les civils en proie aux odeurs et aux mouches. 

««On est au mois d’août, il fait chaud et très vite l’odeur, entre les hommes, les chevaux, les vaches tués dans les champs, devient épouvantable. Les gens du pays expliquent qu’à plusieurs kilomètres à la ronde, on sentait l’odeur de mort qui s’élevait du champ de bataille», a relaté Stéphane Jonot.

Pire que l'odeur, la prolifération d'insectes sur les cadavres. «Les gens ont expliqué que les fossés ressemblaient à de la neige qui commence à fondre parce que dans chaque creux les asticots s’accumulaient, jusqu’à 20 cm d’épaisseur», a expliqué le directeur du Mémorial. 

Des asticots qui par la suite se sont transformés en mouches. «Cela donne des nuages de mouches qui couvrent littéralement la plaine et donne une atmosphère bourdonnante tout à fait épouvantable.»

Face à cette situation, les Alliés ont pris une décision inédite, la création d'une unité spécialement affectée au nettoyage du champ de bataille. 

Des années après les combats, le sol de la région porte encore les traces du conflit. «Dans les années 1990 sur le haut du plateau, on pouvait encore voir l’endroit où les chars avaient brûlé parce que l’herbe ne repoussait toujours pas», a expliqué le spécialiste. 

La Poche de Falaise a ainsi été la dernière bataille de Normandie, avant que les Alliés n'atteignent Paris et ne délivrent la capitale française de l'occupation nazie. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités