Ce vendredi 26 avril, les agences de notation Moody's et Fitch vont mettre à jour la notation de la dette française. Actuellement jugée «stable», elle pourrait être rétrogradée face à de mauvaises perspectives économiques. Quelles pourraient être les conséquences ?
C'est une annonce qui pourrait faire grand bruit. Fitch Ratings et Moody's, les agences de notation des crédits, vont actualiser la note de la dette française, ce vendredi 26 avril. Pour l'heure, celles-ci ont évalué respectivement en «AA-» et «Aa2» la capacité de solvabilité de la France.
Mais à Bercy, cette mise à jour peut sonner comme un couperet. En effet, les perspectives économiques dévoilées par l'Insee sont loin d'être réjouissantes. Dans son compte-rendu du 26 mars, elle a indiqué que le déficit public avait atteint 154 milliards d'euros, soit 5,5% du PIB (produit intérieur brut), au lieu des 4,9% envisagés par le gouvernement. Un chiffre qui a traduit un large ralentissement des recettes, qui n'ont augmenté que de 2% en 2023.
De même, la dette publique a atteint un sommet historique l'an dernier, franchissant la barre des 3.000 milliards d'euros. Avec 63,4 milliards de dettes supplémentaires en un an, elle se fixe désormais à 112,5% du PIB. Bien loin des 82,6% de la moyenne européenne, ou même des 90% de la zone euro. Alors que les agences de notation n'avaient pas changé leur évaluation de la dette française l'an passé, elle pourrait bien la rétrograder ce vendredi.
Une dette jugée de «haute qualité»
Deux possibilités s'ouvrent alors. Soit une décision sur la perspective, soit sur la note en elle-même. Pour la première solution, la solvabilité de la France passerait alors de «stable» à «négative». Une annonce qui ferait l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. En effet, l'agence Standard & Poor's a déjà attribué cette note depuis le 2 juin 2023, sans conséquence notable sur l'attractivité économique.
La baisse de note serait toutefois plus complexe à gérer. Pour Moody's, la France passerait alors de «Aa2» à «Aa3», la laissant dans la catégorie «haute qualité». Pour Fitch, la situation est plus tendue, car en passant de «AA-» à «A+», la dette française ne serait plus jugée que de «qualité moyenne supérieure».
Dès lors, faut-il s'en inquiéter ? À court terme, pas vraiment juge les spécialistes, qui constatent que les investisseurs voient toujours en la France une belle opportunité. C'est à un autre niveau que Bercy s'inquiète, celui des emprunts. Car dans le cas d'une rétrogradation, l'État français pourrait subir une hausse des taux d'intérêts d'emprunt. Alors que le pays emprunte chaque année pour réduire son déficit, la situation ne pourrait qu'empirer.
Pour rassurer agences de notation et créanciers, le gouvernement a joué la carte de la fermeté. Dans son budget pour l'année 2024, l'exécutif a tablé sur 16 milliards d'économies pour ramener les finances dans les clous. Bruno Le Maire avait ainsi rappelé sa détermination d'abaisser sous les 3% le déficit public d'ici 2027, afin de respecter les normes européennes.