A six semaines des élections européennes, la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, a donné une conférence de presse pour dévoiler son programme pour «bâtir l’Europe du XXIe siècle».
Donné largement en tête des sondages pour les élections européennes, Jordan Bardella a présenté, ce jeudi 25 avril, consécutivement au discours du président de la République sur l’Europe, son programme pour «bâtir l’Europe du XXIe siècle» basé sur trois grands axes : une Europe qui protège, une Europe qui produit, et une Europe qui respecte.
Élections européennes - Suivez en direct, depuis le siège du Rassemblement National, ma conférence de presse : Bâtir l’Europe du XXIème siècle. https://t.co/MUscvTmbeE
— Jordan Bardella (@J_Bardella) April 25, 2024
Une Europe qui protège
La tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, a mis en avant «la capacité de la France pour influencer l’Europe» et la nécessité pour le pays de «défendre ses propres intérêts» en créant «une Europe des nations et une Europe à la française», capable de «répondre aux défis de notre époque, et de protéger nos citoyens, nos entreprises et nos valeurs». Selon le candidat, cette Europe doit s'appuyer sur deux axes : le passage du «libre-échange au juste-échange» et «la protection de nos frontières».
Pour ce faire, le Rassemblement national propose «un pacte pour établir une concurrence extra-européenne loyale». Celui-ci s’articulera notamment autour d’un «moratoire sur la négociation de nouveaux accords de libre-échange par l’UE», sur la défense de l’exception «agriculturelle» française, sur l’exigence de «clauses miroir», mais aussi sur «une véritable taxe carbone aux frontières» pour favoriser «un protectionnisme européen».
Le Rassemblement national entend également lutter contre la concurrence déloyale au sein du marché unique en «mettant fin aux règles du travail détaché», en interdisant «les aides européennes qui financent les délocalisations» au sein du marché unique, en refusant l’élargissement de l’UE «aux Balkans, à la Turquie et à l’Ukraine», et en luttant «contre le dumping fiscal», en renforçant «la lutte contre la fraude fiscale» et en sanctionnant enfin «les pratiques déloyales des paradis fiscaux européens».
Concernant l’immigration, le Rassemblement national entend «réformer globalement l’agence Frontex», «restreindre la libre-circulation de l’espace Schengen» aux seuls ressortissants des pays membres, «supprimer les subventions publiques aux ONG pro-migrants», mais aussi organiser le traitement des demandes d’asile «dans les ambassades et consulats des pays d’origine», «expulser les clandestins et délinquants étrangers sans recours possibles», et enfin organiser «un référendum en France» pour réaffirmer la primauté de la Constitution française sur les décisions européennes en matière d’immigration.
Une Europe qui produit
Selon Jordan Bardella, la Commission européenne a fait le choix de «la décroissance industrielle, agricole et énergétique». Il estime que cette politique, «inspirée par l’écologie punitive», se traduit par «une prolifération de normes toujours plus contraignantes pour les Français comme pour les entreprises».
Le Rassemblement national entend donc contrer «cette dérive qui met en péril l’indépendance de l’Europe et freine son développement économique en privant les Etats de leur capacité de production». Pour ce faire, Jordan Bardella entend s'appuyer sur deux axes : refaire de la France une puissance énergétique, notamment grâce au nucléaire, et libérer les entreprises de «la bureaucratie européenne».
Concernant la production énergétique, la liste RN souhaite baisser de «30 à 40%» la facture d’électricité en rétablissant un prix français de l’électricité, par la fin des règles du marché européen de l’énergie, tout en permettant à la France d’exporter son électricité à un prix attractif vers ses voisins européens. Il entend également protéger le mix électrique français, en investissant dans les technologies d’avenir (nucléaire de nouvelle génération, hydrogène, géothermie…).
Au sujet de la «bureaucratie européenne», le Rassemblement national, qui dénonce la création, en cinq ans, de «850 nouvelles obligations européennes imposées à nos entreprises», entend décréter «une pause réglementaire», «engager le chantier de la simplification», «sanctuariser les secteurs stratégiques» face aux règles de concurrence de l’UE, «autoriser la priorité nationale» dans les marchés publics «pour défendre nos emplois et l’environnement», de même que «la préférence communautaire» avec un accord-cadre pour «Acheter français ou européen».
Jordan Bardella propose aussi d'engager le «réalignement compétitif de la France» par rapport à l’Europe, en poursuivant «la baisse des impôts de production», et en conditionnant le versement des aides européennes, «largement financées par les Français», à l’achat de produits européens : matériels de Défense (armes, équipements) infrastructures énergétiques... Enfin, le RN souhaite intégrer «la lutte contre le chômage et la réindustrialisation» dans le mandat de la BCE.
Une Europe qui respecte
Selon Jordan Bardella, depuis «la trahison du référendum français de 2005», l’Union européenne soutenue par Emmanuel Macron se construit «contre les peuples». Le candidat du RN dénonce «l’abandon progressif de notre souveraineté» et propose de «rendre le pouvoir aux peuples» et de «défendre leurs liberté» en créant une «alliance européenne des nations qui sera une organisation de coopération au service des peuples, respectueuse de la démocratie et des souverainetés nationales, avec des projets à la carte adaptés aux besoins des pays».
Pour cela, le Rassemblement national entend réaffirmer «la supériorité de la Constitution française sur les normes et juridictions européennes», et redonner aux Etats «le pouvoir exclusif de proposer de nouvelles normes» au sein du Conseil européen. Le RN propose aussi de «garantir le droit de veto des Etats et notamment celui de la France», et de l’élargir à la compétence du commerce, ou encore de transformer la Commission en «un Secrétariat général du Conseil» sans pouvoir décisionnaire ni initiative législative.
Le Rassemblement national propose également de mener des coopérations politiques pour relever les grands défis du XXIe siècle, et notamment pour «le contrôle des frontières», mais aussi pour «les programmes étudiants comme Erasmus», ou encore pour la protection civile, via «une coopération des services de police, de justice et de renseignement».
Enfin, le RN entend «développer des coopérations industrielles et techniques sur les grands projets d’avenir» (aérospatial, Défense, intelligence artificielle, cloud européen pour stocker nos données stratégiques, filière hydrogène, ou encore voiture propre). Mais aussi renforcer «les échanges scientifiques», sécuriser «les capacités de production de médicaments» à l’échelle européenne ou encore «créer une agence européenne de la mer» pour accompagner la croissance de nos Outre-mer.