Alors que l’ouverture du Salon de l’agriculture a été retardée par l’irruption de centaines de manifestants, Emmanuel Macron a estimé, entre autres, que ces heurts ne comportaient rien de productif. Une déclaration décriée par ses opposants politiques.
«Je le dis pour tous les agriculteurs, vous n'aidez aucun de vos collègues en cassant des stands, vous n'aidez aucun de vos collègues en rendant le salon impossible et en quelque sorte en faisant peur aux familles (d')y venir». Ces mots ont été prononcés par Emmanuel Macron en marge de l’ouverture du Salon de l’agriculture, alors que des manifestants, membres de trois syndicats agricoles, ont envahi le pavillon principal peu après 8 heures et l’arrivée du chef de l’État à la Porte de Versailles.
«Il faut que ce Salon se passe bien, dans le calme pour l’agriculture française», a encore déclaré le président de la République, alors que de nombreux CRS avaient été déployés pour contenir la colère des protestataires. Dans la foulée, Emmanuel Macron a appelé au calme, mais la tempête était visiblement trop amorcée, en témoignent les réactions de la classe politique.
«Emmanuel Macron a soufflé sur les braises depuis des mois»
L’attitude du président de la République a en effet fait réagir Marine Le Pen. L’ex-candidate à la présidentielle sous la bannière du Rassemblement national a estimé que le chef de l’État faisait preuve d’«indécence», évoquant son soutien au pacte vert «et toutes les normes mortifères qui l’accompagnent», dans un tweet posté à la suite des déclarations d’Emmanuel Macron.
Comment le président ose-t-il dire qu’on ne peut pas avoir une Europe qui réduit sa production agricole alors qu’il a soutenu le pacte vert et toutes les normes mortifères qui l’accompagnent ?
Quelle indécence faut-il pour dire à Paris l’inverse de ce qu’on dit à Bruxelles ?— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 24, 2024
La députée du Nord n’est pas la seule à avoir réagi. À l’extrême-gauche de l’échiquier politique, Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône, s’est étonné de la future mise en place de prix plancher pour les agriculteurs, annoncée dans la matinée par le chef de l’État. «Pourquoi avoir tout fait pour torpiller notre proposition de loi sur ce sujet en novembre dernier ?», s’est-il interrogé sur son compte X (ex-Twitter).
#Macron annonce la mise en place de prix plancher pour les agriculteurs.
Alors pourquoi avoir tout fait pour torpiller notre proposition de loi sur ce sujet en novembre dernier ?
Pourquoi le ministre @MFesneau s’y opposait encore il y’a quelques jours ?
Nos agriculteurs… pic.twitter.com/9nRFzx8sSW— Manuel Bompard (@mbompard) February 24, 2024
«Il réussit l’exploit de gâcher cette communion annuelle entre les familles françaises et les agriculteurs», a de son côté regretté Céline Imart, agricultrice tarnoise membre de l'Association générale des Producteurs de Maïs, considérant qu’«Emmanuel Macron a soufflé sur les braises depuis des mois».
Le pavillon qui a été envahi par les manifestants et où des heurts se sont produits avec des forces de l’ordre, celui où se trouvent les vaches, cochons et chèvres, reste fermé et «ouvrira ultérieurement en fonction de la situation», ont expliqué les organisateurs du salon dans un communiqué, tandis que le président de la République entamait un dialogue avec plusieurs représentants agricoles dans l'un des espaces du salon.