Plus de quatre Français sur dix (43%) pensent qu'une adhésion de l’Ukraine au sein de l’Union européenne serait une mauvaise chose, selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche, dévoilé ce vendredi 23 février.
Il y a presque deux ans jour pour jour, le 24 février 2022, l’Ukraine s’est réveillée dans le fracas des missiles russes. Quatre jours plus tard, le 28 février 2022, Kiev avait déposé sa candidature d'adhésion à l'Union européenne via une lettre de candidature signée par Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.
Et alors que les négociations sont en cours depuis le 14 décembre dernier, force est de constater que le débat autour de l’adhésion de l’Ukraine au sein de l’Union européenne est toujours aussi présent.
Un sondage * CSA réalisé pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche, et dévoilé ce vendredi 23 février révèle d'ailleurs que 43% des Français estiment qu'une telle adhésion serait une mauvaise chose, tandis que 39% estiment le contraire. A noter que 18% des sondés ne se prononcent pas.
Parmi les plus réfractaires à une adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne, figurent en premier lieu la droite et l'extrême droite, dont les sondés partisans du Rassemblement national qui sont 68% à penser que c’est une mauvaise chose. Dans les rangs du parti de Jordan Bardella, seuls 20% pensent l’inverse et 12% des sondés n’ont pas souhaité se prononcer.
A contrario, 57% des sondés adhérant aux idées des Républicains et de Renaissance estiment qu’intégrer l’Ukraine au sein de l’Union européenne est une bonne chose. Seuls 33% des pro-LR pensent l’inverse, et 35% des sympathisants de Renaissance partagent cette opinion.
Au sein de la gauche, les sondés proches du Parti socialiste sont les plus favorables (55%) à une adhésion de l’Ukraine. Cette proportion dégringole à 44% du côté d'Europe Écologie-Les Verts, et à 35% chez les sympathisants de La France insoumise.
En ce qui concerne les écarts générationnels, ils sont présents mais peu prononcés. Seuls les sondés de 18 à 24 ans sont majoritairement défavorables (56%) à l’idée d’inclure l’Ukraine dans l’Union européenne.
Le pourcentage baisse chez leurs aînés de 25 à 34 ans et de 35 à 49 ans, qui ne sont plus que 43% à partager cette idée. À l’inverse, 40% des 25-34 ans et 32% des 35-49 ans estiment que c’est une bonne idée.
Le genre et la classe sociale ne sont pas des éléments qui provoquent de divergence notable de points de vue. Parmi les sondés, 46% des hommes et 41% des femmes désapprouvent l’idée de faire adhérer l’Ukraine à l’Union européenne, contre 39% et 38%.
Parmi les sondés en accord avec l’idée que l’Ukraine rejoigne l’Union européenne, on trouve ainsi 40% de CSP+, 37% de CSP-, et 39% d’inactifs contre un pourcentage respectif de désaccords de 44%, 46% et 41%.
Les agriculteurs français inquiets
La guerre en Ukraine a exercé une influence directe sur l'Europe, et notamment sur la France qui a connu un gonflement des prix aux niveaux énergétiques et agricoles. À la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, l'idée d'une adhésion de l'Ukraine à l'UE n'est pas vue d'un très bon oeil par les paysans français.
Et alors que l'Elysée a annoncé ce vendredi la participation du chef de l'Etat à un grand débat d'au moins deux heures, «ouvert» et «sans filtre», avec «l'ensemble des acteurs du monde agricole», le sujet a toutes les chances de revenir sur la table.
Les agriculteurs français s'estiment soumis à une concurrence deloyale face aux produits ukrainiens qui ont afflué depuis que les droits de douane sur les importations en provenance du pays, le deuxième d'Europe par sa superficie et géant agricole, ont été levés en juin 2022 par l'UE, pour soutenir l'économie du pays en guerre contre la Russie.
Du reste, le débat agite régulièrement la classe politique française. Ce mercredi 22 février, le chef de file du PCF Fabien Roussel s’est d'ailleurs positionné contre les requêtes de l'Ukraine, qui avait demandé à rejoindre l’OTAN et l’Union européenne, plaidant en faveur d'une carte diplomatique à jouer, afin d'apaiser les tensions entre Moscou et Kiev.
*Sondage réalisé par questionnaire auto-administré en ligne, le 22 février, auprès d’un échantillon représentatif de 1.011 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.