Malgré les annonces du Premier ministre, plusieurs mobilisations se tiendront ce jeudi 22 février, notamment devant des préfectures, afin de faire entendre les revendications du monde agricole. De quoi alerter l’exécutif, à deux jours de l’ouverture d’un Salon de l’Agriculture qui s’annonce mouvementé.
En pleine crise du secteur agricole, le Premier ministre Gabriel Attal a détaillé ce mercredi 21 février l’avancée de la feuille de route fixée par le gouvernement le 1er février dernier, afin de moderniser l’agriculture et répondre aux préoccupations des agriculteurs. Pas suffisant pour certains d'entre eux, qui ont d’ores et déjà annoncé des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures de l’Oise et du Pas-de-Calais.
Plusieurs dizaines de tracteurs sont attendus ce jeudi à Senlis, devant la sous-préfecture de l’Oise, ou encore à Arras, devant la préfecture du Pas-de-Calais, tandis que les mouvements de contestation ont repris, un peu partout en France, depuis lundi, à travers des blocages d’autoroutes ou des actions locales dans les supermarchés.
L’objectif : continuer à mettre la pression sur le gouvernement à deux jours de l’ouverture du Salon de l’Agriculture à Paris, date butoir réclamée par les agriculteurs pour obtenir gain de cause sur leurs revendications.
Des annonces «peu convaincantes»
Et pour cause, les annonces du Premier ministre n’ont pas semblé convaincre la totalité des agriculteurs. Pourtant, Gabriel Attal s’est engagé à placer l'agriculture «au rang des intérêts fondamentaux» de la France au même titre que la sécurité ou la défense, en assurant notamment que «l'objectif de souveraineté agricole et alimentaire» serait inscrit «noir sur blanc» dans le futur projet de loi d'orientation agricole et en déclarant la production agricole comme «secteur en tension» pendant le Salon de l'Agriculture.
Pour montrer son engagement, le Premier ministre a ainsi annoncé la création d’un nouveau texte de loi pour «renforcer le dispositif Egalim», promis le versement des aides de la PAC d’ici au 15 mars, ainsi que l’abandon de l’indicateur français Nodu, utilisé pour mesurer la réduction de l'usage des pesticides. Il a également annoncé l'exonération de cotisations patronales sur «la quasi-totalité des emplois saisonniers agricoles» avec notamment des mesures pour «faciliter grandement l'attribution de visas» pour faire venir des travailleurs saisonniers étrangers dans les fermes françaises.
Président de la Coordination rurale (CR) du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne s’est montré peu convaincu par les annonces de Gabriel Attal. «Il vient de nous raconter une belle histoire pour nous apaiser et nous faire croire que le Salon de l’Agriculture se passera bien», a-t-il déclaré. «Il va mal se passer, ça c’est clair», a-t-il poursuivi. «Ils ont attendu que les agriculteurs se révoltent pour comprendre qu’on se faisait tous - j’emploie le mot exprès - baiser par la grande distribution, du début à la fin», a-t-il ajouté. «Même si on fait quatre lois de plus Egalim, même si on nomme des milliers de contrôleurs supplémentaires, la grande distribution, si concentrée dans ce pays, nous baisera à chaque fois. Je ne crois en rien au tapage du poing du premier ministre sur ce sujet-là», a-t-il conclu.
Un salon de l'agriculture sous tension ?
De quoi faire craindre des risques quant à la bonne tenue du Salon de l'Agriculture ? C'est la question qui se pose, à deux jours de l'ouverture du plus grand rassemblement annuel du monde agricole à Paris. «Ce ne sera pas un Salon de l’agriculture comme les autres», a abondé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
À cet égard, une note du renseignement laisse entendre que la sécurité du Salon de l'agriculture inquiète les autorités. Des actions de la part des agriculteurs ou des militants écologistes sont redoutées. D'après les informations d'Europe 1, certains ministres en visite au Salon pourraient ainsi être chahutés ou accueillis par du versement de lisier.
Dans ce contexte tendu, la venue d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture est décrite comme risquée. Le président de la République n'a pour l'instant pas confirmé sa présence, mais il n'a jusqu'ici manqué aucune édition de l'événement depuis son élection en 2017.