Ce vendredi 19 janvier, le tribunal correctionnel de Limoges va rendre son délibéré concernant les dirigeants et employés de la société BDPA Rénovation. L'entreprise, accusée d'escroquer ses clients avec des bons de commande aux prix exorbitants, aurait piégé plus de 200 personnes, pour un montant estimé à 1,7 million d'euros.
«C'était un jeu stupide», avaient-ils regretté à la barre du tribunal correctionnel de Limoges. Les deux dirigeants de BDPA Rénovation, entreprise dont l'activité se centre autour de la rénovation énergétique de l'habitat, ainsi que 14 directeurs d'agence, animateurs et commerciaux, ont été jugés pour des faits d'escroquerie en bande organisée, abus de faiblesse et pratiques commerciales trompeuses et agressives. Alors que des peines de un à six ans de prison ont été requises, le tribunal va rendre son délibéré ce vendredi 19 janvier.
Leur escroquerie a commencé en octobre 2018. Plusieurs personnes, souvent âgées ou sous curatelles, ont été ciblées par un démarchage téléphonique agressif. En effet, BDPA Rénovation rémunérait entre 40 et 45 euros des salariés basés au Maroc pour chaque rendez-vous obtenu avec un organisme de contrôle de l'habitat. En réalité, il s'agissait de commerciaux qui justifiaient la nécessité de travaux de rénovation en raison de «nouvelles normes», alors qu'ils n'étaient pas forcément nécessaires.
Des personnes arnaquées à hauteur de 135.000 euros
Selon l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui s'est constituée partie civile dans ce dossier, «certains (commerciaux) passent et repassent tant qu'ils n'ont pas vidé toutes les économies de leurs victimes». Sur son site internet, elle a énuméré quelques exemples, avec un couple âgé de Dordogne qui aurait accumulé 135.000 euros de bons de commande, ou encore un autre couple âgé avec un fils handicapé, contraint à souscrire un crédit à la consommation de plus de 30.000 euros «en promettant d'embaucher leur fils handicapé».
Au final, plus de 1.000 clients dans sept départements du centre et du sud-ouest de la France ont été identifiés, dont 227 qui se sont constitués partie civile. Car l'escroquerie aura duré plus de quatre ans, jusqu'en janvier 2023, date à laquelle BDPA Rénovation a été mise en liquidation judiciaire. Le préjudice est estimé à environ 1,7 million d'euros. «Le principe n'était pas d'organiser une escroquerie. Quand ils ont vu qu'ils pouvaient faire de l'argent facile, ils se sont laissés porter», assurait Maître Anthony Zborala, avocat des deux principaux prévenus, lors du procès.
Parmi ces derniers, un homme de 43 ans, officiellement directeur commercial, mais considéré par les protagonistes de ce dossier comme le gérant de fait de la société. Il a déjà été condamné pour escroquerie. La seconde personne n'est autre que sa compagne, qui avait quant à elle l'habitude de filmer des petites vidéos, tout sourire et pouces en l'air aux côtés de leurs victimes, après avoir réussi à les arnaquer. «Un jeu de la pire des bassesses, qui tire profit de la détresse humaine», a lancé la présidente du tribunal, Magali Gualde, face aux deux complices.
En raison de la gravité des faits, le procureur de la République avait requis six ans de prison ferme, avec interdiction définitive de gérer une entreprise et 50.000 euros d'amende pour le gérant et trois ans de prison ferme pour sa compagne. Les peines requises contre les autres prévenus vont, quant à elles, de 18 mois de prison avec sursis à trois ans de prison ferme, et jusqu'à 20.000 euros d'amende.
La Fédération de la Vente directe (FVD) avait, dans un communiqué, «condamné fermement» des pratiques jugées «inacceptables» et a rappelé «qu'aucun moyen de paiement ne peut être exigé par le vendeur le jour de la commande, même signée, et que la loi prévoit, sans exception, un délai de rétractation de 14 jours».