Nommée, à la surprise générale, au ministère de la Culture, Rachida Dati aurait passé un pacte secret avec Emmanuel Macron en vue des municipales 2026. L’ancienne garde des Sceaux aurait ainsi lié son arrivée au gouvernement à l’assurance d’être la tête de liste, à Paris, d’une alliance entre Les Républicains et la majorité.
Un deal gagnant-gagnant ? Après l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron s’est offert un deuxième «gros coup» en s’attachant les services de Rachida Dati au ministère de la Culture. Une nomination qui pourrait être obtenue au prix fort : celui d’une place à la tête d’une future liste commune, à Paris, entre les Républicains et la majorité, selon une source citée par Le Monde.
Si la ministre s'est officiellement déclarée candidate à la mairie de Paris ce mercredi sur RTL, reste néanmoins à connaître la position de LR, pris au dépourvu par cet accord soudain, qui devra choisir entre soutenir la candidature de la maire du 7e arrondissement de Paris, quitte à s'allier avec la majorité, et l'exclusion définitive de l'ancienne cadre du parti pour éviter que celui-ci disparaisse dans la capitale.
Objectif Paris 2026
Depuis la rue de Valois, la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, a martelé sa motivation et son bonheur d’être nommée à un poste où personne ne l’attendait. Celle qui se dit être toujours une femme de droite, érige «la lutte contre les inégalités, contre les discriminations, contre l’arbitraire» comme son principal combat, avec l’intention de rendre la culture accessible à tous. Seule manière, selon elle, de construire «une communauté de destin».
Malgré une bonne volonté affichée, selon toute vraisemblance, le véritable combat de Rachida Dati se trouve bien loin de la culture. Interrogée sur ses futures relations avec Anne Hidalgo, avec qui elle devra de nouveau travailler sur certains dossiers culturels, l'ex-garde des Sceaux a confirmé ses ambitions municipales, tout en niant un quelconque pacte avec le président de la République.
«Vous imaginez Emmanuel Macron, au moment de ma nomination, me parler de municipales qui se tiendront en 2026 ? Je suis élue de Paris, et Paris reste pour moi un objectif. Je reste Maire du 7e arrondissement. Je siège au Conseil de Paris. Pour moi, Paris c’est un parfum, une idée, un écrin patrimonial, d’innovation, de liberté», a-t-elle confié au Parisien.
Dès lors, la réaction de la droite, et notamment de la droite parisienne est donc à scruter. Candidate LR aux municipales de 2020, Rachida Dati n’avait pas pu empêcher la réélection d’Anne Hidalgo, son adversaire politique préférée. Mais avec 34% des voix au second tour, elle a redonné une dynamique à son camp, qui se retrouve désormais dans une position inconfortable.
bientôt exclue des Républicains ?
Et pour cause, personne n’est dupe. Surtout dans son camp, où la nouvelle a été accueillie plus que difficilement. À commencer par le président du parti, Eric Ciotti, qui a très vite annoncé, après la nomination de Rachida Dati, jeudi, que la maire du 7e arrondissement de Paris serait exclue des Républicains. Son départ doit néanmoins, en principe, être validé par le bureau politique du parti, qui n’a, pour l’heure, pas encore été convoqué.
Si telle est la solution choisie par les cadres des Républicains, Rachida Dati ne sera pas soutenue en 2026 afin d'éviter que LR disparaisse de la capitale et reproduise le précédent Renaud Muselier. Pour mémoire, lors des élections régionales de 2021, le président sortant de la région Paca s’était allié avec les macronistes pour l’emporter en fusionnant les listes.
À l'inverse, l'autre option consiste à assumer l’accord et s’associer avec la majorité partout où cela est possible. Si l’idée, validée par plusieurs élus LR comme David Alphand, ou encore Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement semble plutôt habile à Paris pour l’emporter face à la gauche, l’affaire s’annonce plus complexe dans d’autres villes, à commencer par Nice, où Eric Ciotti est candidat avec un seul objectif en tête : déloger le maire Horizons Christian Estrosi, avec qui il entretient de très mauvaises relations. Impossible d’imaginer une quelconque alliance entre les deux hommes.
Une erreur politique ?
Enfin, nombreux sont ceux qui fustigent tout bonnement une «erreur politique», à l’image de Francis Szpiner, qui se verrait bien être candidat de la droite à Paris. L’ex-maire du 16e arrondissement, désormais sénateur, veut pour commencer déloger Rachida Dati de la présidence du groupe Changer Paris (qui réunit les élus LR, centristes et indépendants au Conseil de Paris, dans l’opposition à Anne Hidalgo). À ses yeux, son ralliement au chef de l’Etat la disqualifie.
Même position du côté de Pierre-Yves Bournazel, le conseiller municipal parisien proche d’Edouard Philippe. Celui qui s’est déjà lancé (ou presque) dans la course à la mairie de Paris, sous l’étiquette Horizons, s’est montré très dur à l’égard de Rachida Dati depuis sa nomination dans l’équipe de Gabriel Attal. Un gouvernement dont son parti est pourtant membre. «Tout deal fait sans nous (Horizons) ne nous engage pas», a-t-il notamment déclaré dans la presse.
fin de la loi «PLM» ?
À noter que ce deal «secret» signé entre la nouvelle ministre de la Culture et le président de la République pourrait être avantagé par un autre élément dont la responsabilité incombe à Emmanuel Macron. En effet, ce dernier pourrait choisir de réformer ou d’abroger la loi dite «PLM» ou «Paris, Lyon, Marseille», qui régit les élections municipales des trois plus grandes villes de France.
En mettant fin aux listes par arrondissement, au profit d’une seule et unique élection par ville, la liste portée par une alliance entre les Républicains et la majorité aurait d’autant plus de poids, et Rachida Dati d’autant plus de chances de s’emparer des rênes de la capitale.