Officialisé ce jeudi 11 janvier dans la soirée, le nouveau gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal a été vivement critiqué par l’opposition. Les nominations de deux anciens cadres du gouvernement Sarkozy, dont celle de Rachida Dati malgré sa mise en examen, n’ont pas manqué de faire réagir.
La composition gouvernementale est loin de faire l’unanimité. Annoncé ce jeudi soir, le nouveau gouvernement Attal a été largement critiqué par les opposants politiques de la macronie. La nomination de Rachida Dati au poste de ministre de la Culture, malgré sa mise en examen, a vivement fait réagir la classe politique.
La plus grande ennemie politique de Rachida Dati à Paris, à savoir la maire de la capitale Anne Hidalgo, a critiqué ouvertement l’ancienne partisante de l’UMP. «Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser avec la nomination de Rachida Dati comme ministre de la Culture», a publié Anne Hidalgo sur son compte Instagram.
La candidate Reconquête aux prochaines élections européennes, Marion Maréchal, a remis en cause cette décision, avant de mettre en avant son parti comme alternative lors de la prochaine échéance électorale.
Rachida Dati est présidente du Conseil national des Républicains : la voici désormais ministre de Macron. La dissolution de LR dans le macronisme est achevée.
La droite c’est définitivement Reconquête! : les électeurs ne s'y tromperont pas le 9 juin. pic.twitter.com/NpLfzEERqP— Marion Maréchal (@MarionMarechal) January 11, 2024
«Rachida Dati est présidente du Conseil national des Républicains : la voici désormais ministre de Macron. La dissolution de LR dans le macronisme est achevée. La droite c’est définitivement Reconquête! : les électeurs ne s'y tromperont pas le 9 juin», a affirmé la tête de liste sur X.
Le président et co-fondateur du journal Médiapart, Edwy Plenel, a rappelé une promesse faite par le président de la République il y a six ans. «En 2017, Macron avait promis qu’un ministre mis en examen devrait démissionner du gouvernement. En 2024, une personne mise en examen pour “corruption“ et “trafic d’influence“ comme Rachida Dati entre au gouvernement», a tweeté le journaliste.
Pour rappel, Rachida Dati est mise en examen depuis juillet 2021 pour «corruption» et «trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public» dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan.
Gabriel Attal défend la présomption d’innocence
Face au déferlement de critiques à l’égard de ce choix, le Premier ministre Gabriel Attal a défendu sa nouvelle ministre de la Culture lors d’une interview accordée à TF1.
«Rachida Dati est notre nouvelle ministre de la Culture, j’en suis très heureux. Elle ne laisse personne indifférent car c’est une femme d’engagement et d’énergie. C’est une femme qui s’est battue toute sa vie pour obtenir ce qu’elle voulait. J’ai beaucoup de respect pour les combats qu’elle a menés», a indiqué l’ancien porte-parole de LREM
«Ensuite, je suis très attaché, évidemment, à notre justice, à son travail et à son indépendance. Je sais que Rachida Dati l’est aussi, elle est elle-même magistrate. Dans notre justice, il y a un certain nombre de grands principes. Il y a notamment la présomption d’innocence. Rachida Dati est mise en examen mais une mise en examen n’est pas une condamnation. On a eu encore des exemples récents de personnalités politiques qui ont pu faire l’objet d’une mise en examen ou d’enquête et on a vu que ça ne signifiait pas une culpabilité», a rappelé Gabriel Attal.
Un «gouvernement Sarkozy IV»
Autre point cristallisant les tensions au sein de l’opposition : la nomination de deux anciennes figures du gouvernement Sarkozy, à savoir Rachida Dati et Catherine Vautrain.
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier et le secrétaire national des communistes Fabien Roussel ont utilisé la même expression pour qualifier cette double nomination en employant le terme de «gouvernement Sarkozy IV» sur X.
Vautrin, Dati, c'est le gouvernement Sarkozy IV en fait ...
— Marine Tondelier (@marinetondelier) January 11, 2024
Le député LFI François Ruffin a abondé en ce sens, tout en rappelant la nécessité pour la gauche de s’unir lors des prochaines échéances électorales.
«Macron ressuscite l'UMP de Sarkozy. Quelle audace, quel dépassement, quelle disruption ! L'alliance des droites est scellée. En face, l'union de la gauche, vite !», a affirmé ce dernier.
Macron ressuscite l'UMP de Sarkozy. Quelle audace, quel dépassement, quelle disruption !
L'alliance des droites est scellée. En face, l'union de la gauche, vite !#remaniement— François Ruffin (@Francois_Ruffin) January 11, 2024
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a critiqué à la fois le retour de «dinosaures sarkozystes» et la nomination de Rachida Dati au poste de ministre.
La « régénération » c’est donc celle des dinosaures Sarkozystes,
Le « réarmement civique » » c’est donc la nomination d’une ministre mise en examen pour trafic d’influence et corruption.
Après l’effet waouh, l’effet pschitt#remaniement— Olivier Faure (@faureolivier) January 11, 2024
«La ”régénération” c’est donc celle des dinosaures sarkozystes, Le “réarmement civique“, c’est donc la nomination d’une ministre mise en examen pour trafic d'influence et corruption. Après l’effet waouh, l’effet pschitt», a réagi Olivier Faure sur X.
L’absence de femmes au régalien pointée du doigt
La cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a dénoncé sur X la «concentration des portefeuilles», le «recyclage interminable du premier cercle du monarque» mais surtout la «relégation des femmes» au sein de ce nouveau gouvernement.
La députée écologiste et féministe Sandrine Rousseau a regretté de son côté qu’il n’y ait «aucune femme sur un ministère régalien».
Aucune femme sur un ministère régalien.
On est bien là, à la fraîche, décontractés de la grande cause. #Remaniement— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) January 11, 2024
«On est bien là, à la fraîche, décontractés de la grande cause», a ironisé cette dernière sur le même réseau social.