Un homme de 58 ans comparaît, dès ce lundi devant la cour d'assises de la Drôme, pour le viol et le meurtre d'une mère de famille. Un crime pour lequel il n'a pas été inquiété pendant près de deux décennies.
22 ans après le meurtre. Un quinquagénaire comparaît, à partir de lundi, devant la cour d'assises de la Drôme pour le viol et le meurtre d'une mère de famille au sujet d'un crime remontant au 2 août 2001.
«La justice s'est-elle donnée les moyens suffisants et nécessaires pour résoudre l'enquête au plus tôt ?», s'interroge l'avocate du fils de la victime, Me Caroline Jean-Meire, avant l'ouverture du procès, qui doit durer quatre jours.
De profondes blessures au crâne
Ce jour-là, le corps partiellement dénudé de Chantal de Chillou de Saint-Albert, mère célibataire de 55 ans, a été retrouvé par un chasseur le long d'un sentier à Chatuzange-le-Goubet (Drôme), avec de profondes blessures au crâne et des traces de combustion à l'entre-jambes.
L'autopsie a révélé que la victime est décédée des suites «d'un traumatisme crânio cérébral gravissime associé à des signes d'asphyxie mécanique par strangulation».
La veille, la quinquagénaire avait pris un train près de Marseille pour postuler à un emploi de femme de ménage dans une colonie de vacances des Hautes-Alpes. Après avoir raté sa correspondance à la gare de Valence-TGV, elle avait décidé de chercher un hôtel pour la nuit. C'est la dernière fois qu'elle a été vue vivante.
Sur les lieux du crime, aucune arme n'a été retrouvée. En revanche, un mégot et un gobelet prélevés près du corps révèlent la présence d'ADN masculin inconnu. Les échantillons sont enregistrés au Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
L'enquête est rouverte en 2019
Mais les comparaisons avec le profil génétique de près de 300 ouvriers, de chasseurs et de riverains ne donnent rien. Des auditions de témoins, des rapprochements avec d'autres procédures criminelles et l'étude de l'entourage de la victime restent tout aussi vains. Fin 2012, une ordonnance de non-lieu est rendue.
En 2019, la division d’investigation spécialisée dans les affaires non élucidées (DiANE) du pôle judiciaire de la gendarmerie de Pontoise (Val-d'Oise), ressort le dossier et le parquet de Valence rouvre l'enquête pour assassinat.
L'unité de recherches constate qu'il existe des scellés anciens pouvant être confrontés aux techniques modernes de la police scientifique et qu'une piste étudiée en 2002 mérite d'être approfondie.
Son travail permet d'identifier l'ADN sur le mégot retrouvé près du corps, mais aussi sur le t-shirt et dans les prélèvements vaginaux de la victime : il s'agit de celui de Raymond Touillet. Habitant à Romans-sur-Isère, au nord-est de Valence, il est interpellé en juin 2020. Il reconnaît partiellement les faits dans de nombreuses déclarations fluctuantes.
Également jugé pour viols sur mineures
Selon l'une d'elles, rapportée dans l'ordonnance de mise en accusation consultée par l'AFP, cet homme au parcours de vie chaotique aurait eu «une relation sexuelle consentie» avec la victime qu'il aurait croisée près d'un bar.
Selon une autre, il reconnaît une dispute avec Chantal Chillou de Saint-Albert dans sa voiture. «J'ai porté des coups, c'est sûr, de l'avoir tuée, je sais plus. Je n'en ai plus de souvenir», dira-t-il, assurant avoir beaucoup bu le soir des faits.
Mis en examen pour meurtre précédé de viol, Raymond Touillet est placé en détention provisoire. De lundi à jeudi, le quinquagénaire sera d'ailleurs également jugé pour viols sur mineures. Il est accusé d'avoir violé sa soeur en 2000 et son ancienne belle-fille alors âgées de 14 et 16 ans.